Panthéon, Clocher de S ai nt - Étienne-d u-Mont et Tour de Clovis.
[Paris, par Auguste Vitu.)
Auguste Vitu. Paris. 450 dessins inédits, d’après nature.
Grand in-40 de 512 pages. Paris, maison Quantin,
7, rue Saint-Benoît.
L'année du centenaire était une date toute désignée, et
on ne peut plus heureusement désignée, pour fixer la phy-
sionomie du moderne Paris. La résolution prise, restait le
choix de l’historien. On s’est adressé à M. Auguste Vitu,
et l’on a excellemment fait. L’ancien président de la Société
de l'Histoire de Paris et de F Ile-de-France n’est pas seu-
lement le lettré délicat et élégant des Contes à dormir
debout, d’Ombres et Vieux Murs et de la Notice sur Fran-
çois Villon, le poète dont l’infortuné François Etcheto a
laissé une si exquise statue 1, c’est aussi un érudit distingué
qui s’est depuis longtemps passionné pour la grande capi-
tale et l’a étudiée con amore dans ses transformations d’âge
en âge ; il en possède à souhait et les annales, et le côté
anecdotique, et l’ensemble, et les détails, et s’en est si bien
assimilé le sentiment pittoresque que Paris ne pouvait
espérer peintre plus accompli.
Le plan adopté par M. Vitu comprend six divisions
très logiques, d’abord une Vue generale de Paris à vol
d'oiseau, puis la Seine, les Rues de Paris, la Cité, la Rive
gauche de la Seine et la Rive droite de la Seine.
Un septième chapitre s’imposait cette année pour que
la description fut complète; l’auteur ne pouvait oublier
de consacrer un appendice à l’Exposition Universelle,
mais il a trop de goût pour se laisser entraîner dans le
moindre excès de détails rétrospectifs ; il s’est sagement
contenté d’un procès-verbal intelligent de ce grand triomphe
pacifique et en a discrètement souligné la portée vraiment
universelle.
D’un bout à l’autre du livre, le savoir et l’esprit sont
semés à pleines mains. Tout est à louer. Je ne vois qu’un
reproche à adresser, et ce n’est pas l’auteur qu’il atteint,
mais l’éditeur.
Celui-ci a fait indiscutablement merveille en établis-
sant, avec le plus grand luxe d’illustrations, de papier et
de typographie, un livre qu’il publie néanmoins à un bon
1. On l’admire au Square Monge.
marché sans précédent; il a évidemment tablé sur une
vente considérable pour résoudre pareil problème, qui ne
comporte aucune autre solution, et je suis d’avis que son
calcul a été intelligent et ne sera pas déçu. Son Paris aura
un nombre énorme de lecteurs, si énorme qu’une seconde
édition deviendra très probablement nécessaire; ce sera le
moment de faire disparaître le seul sujet de blâme. Il
manque, en effet, à ce volume, à tous autres égards si
complet, une table des gravures et plans ; on ne prodigue
pas à ce point les uns et les autres pour ne pas leur
accorder, je ne dirai pas seulement l’utile, mais l’indispen-
sable honneur d’un index.
A propos de l’illustration, il serait souverainement
injuste de passer sous silence le nom de celui qui l’a diri-
gée ; c’est à M. Constant Chmielenski que la maison Quan-
tin en a confié le soin, et il s’en est admirablement acquitté.
C’est si vrai que le texte n’eût-il pas autant de mérite,
Paris serait encore vivement recherché à titre de splen-
dide album; les gravures que j’ai obtenu de mettre sous
les yeux des lecteurs de l’Art le leur démontreront élo-
quemment.
Qu’ils se donnent le Paris de M. Auguste Vitu; ils ne
prendront pas moins de plaisir à le lire attentivement et à
le feuilleter souvent que j’éprouve de satisfaction à leur
recommander œuvre aussi réussie ; ils savent que j’ai pour
invariable habitude de ne louer que ce qui est réellement
louable, et que je ne suis pas homme à jamais m’inspirer
des réclames composées par un éditeur. Je ne leur parle
d’un livre qu’après l’avoir lu. C’est ce qui me permet de
répéter que la maison Quantin, cette fois, n’a pas eu la
main moins heureuse pour ce luxueux Paris que pour son
Tunis et ses environs, le remarquable volume de M. Charles
Lallemand, dont j’ai récemment rendu compte dans le
Courrier de l’Art L Ce sont là des ouvrages dont le succès
ne saurait être éphémère ; ils compteront toujours parmi
les meilleurs titres de leur éditeur à l’estime des lettrés et
des érudits, qui les consulteront en tout temps avec fruit.
Paul Leroi.
1. Voir le Courrier de l'Art, Qe année, page 3go.
[Paris, par Auguste Vitu.)
Auguste Vitu. Paris. 450 dessins inédits, d’après nature.
Grand in-40 de 512 pages. Paris, maison Quantin,
7, rue Saint-Benoît.
L'année du centenaire était une date toute désignée, et
on ne peut plus heureusement désignée, pour fixer la phy-
sionomie du moderne Paris. La résolution prise, restait le
choix de l’historien. On s’est adressé à M. Auguste Vitu,
et l’on a excellemment fait. L’ancien président de la Société
de l'Histoire de Paris et de F Ile-de-France n’est pas seu-
lement le lettré délicat et élégant des Contes à dormir
debout, d’Ombres et Vieux Murs et de la Notice sur Fran-
çois Villon, le poète dont l’infortuné François Etcheto a
laissé une si exquise statue 1, c’est aussi un érudit distingué
qui s’est depuis longtemps passionné pour la grande capi-
tale et l’a étudiée con amore dans ses transformations d’âge
en âge ; il en possède à souhait et les annales, et le côté
anecdotique, et l’ensemble, et les détails, et s’en est si bien
assimilé le sentiment pittoresque que Paris ne pouvait
espérer peintre plus accompli.
Le plan adopté par M. Vitu comprend six divisions
très logiques, d’abord une Vue generale de Paris à vol
d'oiseau, puis la Seine, les Rues de Paris, la Cité, la Rive
gauche de la Seine et la Rive droite de la Seine.
Un septième chapitre s’imposait cette année pour que
la description fut complète; l’auteur ne pouvait oublier
de consacrer un appendice à l’Exposition Universelle,
mais il a trop de goût pour se laisser entraîner dans le
moindre excès de détails rétrospectifs ; il s’est sagement
contenté d’un procès-verbal intelligent de ce grand triomphe
pacifique et en a discrètement souligné la portée vraiment
universelle.
D’un bout à l’autre du livre, le savoir et l’esprit sont
semés à pleines mains. Tout est à louer. Je ne vois qu’un
reproche à adresser, et ce n’est pas l’auteur qu’il atteint,
mais l’éditeur.
Celui-ci a fait indiscutablement merveille en établis-
sant, avec le plus grand luxe d’illustrations, de papier et
de typographie, un livre qu’il publie néanmoins à un bon
1. On l’admire au Square Monge.
marché sans précédent; il a évidemment tablé sur une
vente considérable pour résoudre pareil problème, qui ne
comporte aucune autre solution, et je suis d’avis que son
calcul a été intelligent et ne sera pas déçu. Son Paris aura
un nombre énorme de lecteurs, si énorme qu’une seconde
édition deviendra très probablement nécessaire; ce sera le
moment de faire disparaître le seul sujet de blâme. Il
manque, en effet, à ce volume, à tous autres égards si
complet, une table des gravures et plans ; on ne prodigue
pas à ce point les uns et les autres pour ne pas leur
accorder, je ne dirai pas seulement l’utile, mais l’indispen-
sable honneur d’un index.
A propos de l’illustration, il serait souverainement
injuste de passer sous silence le nom de celui qui l’a diri-
gée ; c’est à M. Constant Chmielenski que la maison Quan-
tin en a confié le soin, et il s’en est admirablement acquitté.
C’est si vrai que le texte n’eût-il pas autant de mérite,
Paris serait encore vivement recherché à titre de splen-
dide album; les gravures que j’ai obtenu de mettre sous
les yeux des lecteurs de l’Art le leur démontreront élo-
quemment.
Qu’ils se donnent le Paris de M. Auguste Vitu; ils ne
prendront pas moins de plaisir à le lire attentivement et à
le feuilleter souvent que j’éprouve de satisfaction à leur
recommander œuvre aussi réussie ; ils savent que j’ai pour
invariable habitude de ne louer que ce qui est réellement
louable, et que je ne suis pas homme à jamais m’inspirer
des réclames composées par un éditeur. Je ne leur parle
d’un livre qu’après l’avoir lu. C’est ce qui me permet de
répéter que la maison Quantin, cette fois, n’a pas eu la
main moins heureuse pour ce luxueux Paris que pour son
Tunis et ses environs, le remarquable volume de M. Charles
Lallemand, dont j’ai récemment rendu compte dans le
Courrier de l’Art L Ce sont là des ouvrages dont le succès
ne saurait être éphémère ; ils compteront toujours parmi
les meilleurs titres de leur éditeur à l’estime des lettrés et
des érudits, qui les consulteront en tout temps avec fruit.
Paul Leroi.
1. Voir le Courrier de l'Art, Qe année, page 3go.