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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Hustin, A.: Heilbuth
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0300

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.V -

Ferdinand Heilbuth est mort subitement à Paris, dans
la nuit du mardi au mercredi 20 novembre. Il était né à
Hambourg en 1829 — et non en 1826, comme l’impri-
ment les journaux parisiens. Il appartenait à une famille
de commerçants qui dirigèrent son éducation dans le
sens mercantile. Mais Heilbuth aimait les arts. A vingt et
un ans, il prit la clef des champs, accourut à Paris et
travailla à l’atelier de Gleyre, puis à celui de Boudin.

Il débuta en 1853 par une grande toile nous montrant
le salon de Rubens, au moment où le maître d’Anvers
présente à sa femme son ami Brauwer. Le jury lui accorda
une mention honorable; puis, en 1857, une deuxième
médaille, pour sa Leçon de musique de Palestrina. Neuf
toiles, parmi lesquelles la Mort de Signorelli, exposées
en 1859; puis, en 1861, le Mont-de-Piété et la Mort du
poète, qui furent achetés pour le Luxembourg, valurent à
l’artiste la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

Cependant sa santé s’était altérée. La Faculté lui pres-
crivait un climat plus clément. Son instinct d’artiste le
mena en Italie. Il y peignit sur le vif ces cardinaux
romains, dont la Promenade fit quelque tapage en 1863,
le Péché véniel, S oint-Jean de Latr an, l’Antichambre (1866),
le Baise-main (1867).

Après Job et un portrait de femme, exposés en 1868,
Heilbuth se montra, en 1869, sous un aspect nouveau,
Avec le Printemps, il cherchait autour de lui, dans la vie
parisienne, le côté boulevardier et mondain. A dater de
cette époque jusqu’à sa mort, il restera fidèle à ces
recherches, qu’il emploie l’huile, l’aquarelle ou le pastel,
pour nous raconter l’histoire de ces Parisiennes courant
la prétentaine en canot, cueillant la pâquerette sur les
berges de la Seine, ou bien couchées dans l’herbe pour y
regarder à leur aise le ciel bleu qu’on ne voit point dans
les fossés profonds qui tiennent lieu de rues à la moderne
Babylone.

Avec de pareils sujets, rendus avec un certain esprit,
le succès ne pouvait manquer de venir. Il s’affirma. Nos
élégantes se pressèrent devant ces faits-divers de la villé-

giature où,elles retrouvaient de claires toilettes jouant
avec art sur l’épais gazon des berges ou sur les feuillages
agrémentés du fond. Gambetta s’éprit, lui aussi, de ces
féminines équipées, et un jour qu’il s’était arreté devant la
Grenouillère, où l’artiste avait montré le va-et-vient des
canots, il s’était écrié : « Heilbuth est un Watteau qui
peint à Bougival l’Embarquement pour Cythère ». Le mot
fit fortune. Il était excessif.

Heilbuth, en sa dernière manière, avait trouvé d’agréa-
bles formules. Il n’avait point conté, tant s’en faut,
comme Watteau et son récit est resté sommaire et borné.

Il faut dire à sa louange cependant que de bonne heure
il avait dépouillé le Teuton. Son âme s’était ouverte à
l’esprit gaulois et il ne resta pas longtemps un simple
Hambourgeois émigré. Après la guerre, pendant laquelle
il avait résidé à Londres, il s’était fait naturaliser et avait
pris dans la patrie française la place que le peintre avait
conquise dans l’art français.

Il faut surtout retenir de lui la façon dont il sut, dans
le costume contemporain, trouver le caractère. Ses Pari-
siennes portent bien des toilettes parisiennes. Il serait
impossible de dire à quelle date ces toilettes furent con-
fectionnées et quelle couturière les tailla. En cela, il fit
œuvre de peintre, à l’inverse de certains rivaux, qui
encombrent les Musées, et qui, ne dégageant point de
l’ensemble le détail rococo, ont confondu, sans s’en dou-
ter, la peinture de genre avec la peinture de modes.

Le testament d’Heilbuth lui fait honneur; il a nommé
MM. J. Le Blant et Tony Robert-Fleury ses exécuteurs
testamentaires et les a chargés de vendre ses collections,
son hôtel, et d’en partager le prix par moitié, l’usufruit
entre son frère et sa sœur, et celle qui fut la compagne de
sa vie. La nue propriété est réservée à l’Association des
Artistes Peintres, Sculpteurs, Architectes, Graveurs et
Dessinateurs, fondée par le baron Taylor et présidée
aujourd’hui, avec non moins de dévouement, par M. Bou-
guereau.

A. H u s t 1 n .
 
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