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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Mannheim, Jules: L' exposition rétrospective d'objets d'art français au palais du Trocadéro, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0082

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L’EXPOSITION RETROSPECTIVE D’OBJETS D’ART FRANÇAIS

AU PALAIS DU TROC A DÉ RO

I

En 1867 comme en 1878, l’Exposition rétrospective
d'objets d’art annexée à l’Exposition universelle fut mer-
veilleuse : 1867, c’était l’apogée de l’Empire; 1878, c’était
comme la renaissance de la France après les désastres de
la guerre. Toutes les périodes de l’art dans tous les pays
étaient alors représentées, et tous rivalisèrent de zèle pour
contribuer au succès. C’était, parmi les églises, les musées
et les particuliers, à qui étalerait, aux yeux éblouis des
visiteurs de toutes les nations, les monuments les plus
rares ou les plus fastueux.

Comment, en 1889, égaler ces deux brillants précé-
dents? Quelle tour Eiffel imaginer dans le domaine du
bibelot pour hypnotiser les amateurs au même point que
les ingénieurs? Tel est le problème qui se posait à la
Commission des Monuments historiques et qu’elle a résolu
victorieusement, toute proportion gardée, dans les galeries
de l’aile droite du palais du Trocadéro.

Comme emplacement, aucun choix meilleur n’était
possible : d’un côté, le Musée des moulages organisé
depuis 1882; de l’autre, ce Musée, formé non plus de
moulages, mais de pièces authentiques; d’une part, des
copies; de l’autre, des originaux.

Ne voulant pas montrer une fois de plus au public ce
qu’il avait déjà admiré en 1867, en 1878 et dans bien des
expositions spéciales, désirant surtout faire du nouveau
pour éviter le reproche si connu : « C'est toujours la même
chose », la Commission eut tout d’abord l’idée de compo-
ser son exposition uniquement de trésors d’églises. C’était,
il est vrai, renouveler une partie de l’Exposition de 1867;
mais, en somme, si les choses restent, les hommes passent,
et bien des fervents de 1867 ne devaient plus être là pour
crier à l’uniformité. De plus, très certainement, l’Exposi-
tion si brillante de Bruxelles, en 1888, était pour une forte
part dans cette résolution, et on se proposait de faire un
effort pour l’éclipser.

Seulement on s’y prit un peu tard. Au lieu de procéder
par des tournées, par des visites amicales et officieuses aux
prélats et curés, comme l’a fait avec fruit, au mois de juin,
M. Molinier pour les diocèses du centre, — on dut em-
ployer la voie officielle, hiérarchique ; et, comme proba-
blement les relations du gouvernement français avec son
cierge ne sont pas aussi satisfaisantes que celles du gou-
vernement belge avec le sien, on s’aperçut que jamais on
ne pourrait remplir les vitrines des quatre salles mises à
la disposition de la Commission avec les seuls monuments
provenant d’églises. Hâtons-nous d’ajouter que, dans la

plupart des diocèses, le patriotisme a étouffé l’esprit de
parti et que la réussite a dépassé les espérances des opti-
mistes.

La Commission des Monuments historiques s’adjoignit
alors une Commission de connaisseurs et de collection-
neurs que nous ne nommerons point pour le moment,
dans la crainte d'oublier quelqu’un. Elle fut instituée,
le 29 octobre 1888, sous la présidence de M. A. Proust,
commissaire spécial des expositions des Beaux-Arts, et la
vice-présidence de M. A. Darcel, directeur du Musée de
Cluny, et se décida à compléter l’Exposition rétrospective
au moyen d’objets d’art français empruntés à toutes les
époques, depuis l’antiquité jusqu’en 1789; cela lui per-
mettait de donner l'hospitalité aux céramistes vagabonds
auxquels on destinait primitivement le premier étage du
Dôme central, désert où sont exilées les manufactures des
Gobelins et de Beauvais.

Faut-il parler des refus qu’on eut alors à essuyer de la
part de quelques amateurs, refus dus à la célébration du
Centenaire? N’évoquons pas ici le spectacle de nos misé-
rables querelles politiques, et, en présence du succès final
de l’œuvre, taisons-nous. Une seule observation ,à ce pro-
pos, cependant : tandis que des collectionneurs, dont le
nom pouvait faire excuser l’abstention, se sont fait remar-
quer par leur bon vouloir, d’autres, avec moins de fonde-
ment, ont une fois de plus justifié l'aphorisme : Plus
royaliste que le roi.

L’Exposition rétrospective est divisée en quatre salles :
dans les deux premières, le Moyen-Age; dans la troisième,
le xvie siècle ; dans la quatrième, le xvue et le xviiP siècle.
— Une visite, dans les deux premières salles surtout, équi-
vaut à de longs voyages à travers la France entière et
épargne aux croyants de l'archéologie les fatigues rendues
inévitables par le manque de confortable des hôtels et les
difficultés de communication dans notre pays en dehors
des grandes lignes; si l’administration que l’Europe nous
envie y mettait un peu d’ordre, les trésors d’admiration
et d’argent, qu’il est aujourd’hui de mode de dépenser au
dehors, jusqu’en Ecosse et en Suède, viendraient profiter
à des contrées qui peuvent largement soutenir la compa-
raison avec ces régions lointaines.

MM. A. Darcel, directeur du Musée de Cluny, et
E. Molinier, attaché au Musée du Louvre, se sont spécia-
lement chargés de l’arrangement de cette salle du Moyen-
Age. D’un côté, ils ont exposé l’orfèvrerie; de l’autre,
l’émaillerie, laissant le milieu de la salle aux ivoires.
Au-dessus de la porte d’entrée on a déjà installé le moulage
du bas-relief du château de la Ferté-Milon; c’est le prin-
 
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