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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

DOI Artikel:
Viardot, Paul: Notes et croquis sur la musique, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0139

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NOTES ET CROQUIS SUR LA

MUSIQUE

(fin)

IX

J’ai déjà parlé plus haut de la proposition faite au co-
mité de la Société des concerts par Charles Lamoureux,
alors second chef d’orchestre, de monter la Passion de
Jean-Sébastien Bach en entier, tentative qui n’avait pas
encore été faite en France. L’auteur de cette proposition,
musicien convaincu, doué d’une volonté de fer et d’une
ténacité dont il a eu
l’occasion de fournir
maintes preuves depuis
cette époque, espérait
amener la 'Société des
concerts à donner an-
nuellement deux audi-
tions complètes d’œu-
vres dont des fragments
avaient seulement été
exécutés jusqu’alors.

Cette proposition ayant
été repoussée, Lamou-
reux ne perdit pas son
projet de vue : aidé de
quelques membres de
la Société des concerts,
il fonda la Société de
/'Harmonie sacrée, et
parvint, grâce a son
activité merveilleuse,
à monter et à laire en-
tendre, en un temps
très limité, l’admirable
Messie, le chef-d’œuvre
du grand maître Haen-
del.

Le public musical
parisien, jugé à tort
comme incapable de
supporter la longueur
de cette œuvre magis-
trale, que les amateurs anglais et allemands écoutent
pourtant chaque année avec ravissement, prouva que sa
réputation de légèreté était mal fondée. Six auditions
consécutives de cet oratorio ne parvinrent pas à le lasser ;
la salle du Cirque d’été, où avaient lieu ces exécutions, ne
désemplit pas, et cette tentative d’un si haut intérêt artis-
tique valut a Lamoureux la sympathie et la reconnaissance
de tous les musiciens.

i. Voir l’Art, i 5° année, tome lor, pages i5o et 171, et tome 11,
page 58.

De 1873 à tSyS, Lamoureux ne cessa de se donner corps
et âme à cette noble tâche. Il lut un île ceux qui contri-
buèrent le plus à faire renaître en France, alors encore
toute pantelante des désastres récents, l’art, ce phénix
admirable qui renaît toujours plus beau malgré les écrou-
lements et les flammes.

Ces nouveaux concerts eurent un grand succès; le pu-
blic, généralement traité en enfant délicat, sut gré d’être

enfin pris au sérieux, il
comprit que la musique
doit être considérée au-
trement que comme un
passe-temps agréable,
un but de réunion ou
un accompagnement
commode aux causeries
mondaines. Il assista
religieusement aux au-
ditions de Judas Mac-
chabée après celles du
Messie, du même au-
teur ; la Passion d’après
saint Mathieu), l’œuvre
maîtresse du maître des
maîtres, j’ai dit Bach,
fut montée aussi avec
le soin méticuleux que
Lamoureux apportait
déjà alors à tout ce qu’il
entreprenait.

Parmi les œuvres
modernes exécutées par
la société île l’Harmo-
nie sacrée, citons YEve,
de Massenct, et la Cai-
lla, dont l’auteur, Gou-
nod,revenaiten France,
après un long séjour à
l’étranger, et dont le
retour fut fêté par un
! triomphe. Malgré les occupations sans nombre causées
par la Société de VHarmonie sacrée, Lamoureux n'aban-
donna son poste à la Société des concerts qu’au moment
où Halanzier, alors directeur de l’Opéra, lui offrit le bâton
de chef d’orchestre. Obligé de se consacrer entièrement a
sa nouvelle tâche, il cessa forcément les concerts du
Cirque d’été.

Après avoir tenu pendant plusieurs années le rôle,
souvent ingrat, qui lui avait été confié, il quitta l’Opéra,
et se mit à voyager de droite et de gauche.

Tome XLVII.

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