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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Hustin, A.: Exposition universelle de 1889: les peintres du centenaire 1789-1889, [11]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0123

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EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889

LES PEINTRES DU CENTENAIRE

1789-1889’

(suite)

XII

LE BARON GÉRARD y l825.

Ce fut le sort de David, dont la vie fut un contraste perpétuel, de réunir dans son atelier
une pléiade d’élèves dont les tempéraments et les caractères devaient si peu ressembler aux siens.
Girodet, qui était mort en 1824, était un sceptique, un original; Gros, dont nous racontions hier
la fin tragique, était devenu sans le vouloir le précurseur du romantisme; le baron Gérard, qui
ne devait lui survivre que deux ans à peine, était né avec toutes les qualités séduisantes de
l’homme du monde. La politique sectaire dont son maître faisait étalage aux temps troublés de
la Révolution, Gérard la fuyait comme la peste. 11 était l'homme des salons, où tout est aménité
et transaction ; il aimait à grouper chaque semaine autour de lui un nombreux cortège
d’amis et, aux mœurs de l’époque agitée où David fulminait à la tribune, il préférait volontiers
les mœurs douces et paisibles qui se réveillèrent avec le Directoire. Il était né du reste en Italie,
d’un père français, intendant du bailli de Suffren, d’une mère romaine, et, les dix premières
années de sa jeunesse, il les avait passées au milieu des œuvres de la Renaissance, au milieu des
monuments accumulés par les âges, sous un ciel inspirateur. 11 y était retourné, après avoir
traversé l’atelier du sculpteur Pajou, celui du pédagogue Brenet, celui de David enfin, non point
comme pensionnaire de l’Académie des Beaux-Arts, car il n’était arrivé qu'au second rang lors
du concours, mais par inclination autant que par exigences de famille, et, quand son cœur avait
parlé, c’est encore à une Italienne, à la toute jeune sœur de sa mère, qu'il avait proposé sa main.

La perte de la fortune paternelle, une série de deuils cruels avaient embarrassé ses débuts.
Isabey l’aida, et le portrait que Gérard nous a laissé de ce dernier et de sa fille montre avec
quelle noble émotion l’artiste encouragé, réconforté par de prévenantes attentions, avait su se
montrer dignement reconnaissant.

Ce portrait, exposé en 1796, devait être d’ailleurs le point de départ d’une fortune qui mit
bientôt Gérard à l’abri des soucis. Il fit fureur. On se pressa en foule à l'atelier de l’auteur.
Il n’y eut point une célébrité contemporaine, un grand dignitaire de l'empire ou du royaume, un
empereur ou un roi qui ne tînt à voir sa physionomie fixée sur la toile par ses pinceaux aimables
et riches. Mme Récamier devint infidèle à David pour se faire peindre à diverses reprises par son
élève. Joséphine prit le portraitiste à la mode sous sa haute protection, comme à Gênes elle avait
pris Gros autrefois. Les maréchaux de Napoléon défilèrent devant lui, puis la noblesse revenue
à la suite de Louis XVIII, si bien que, dans une carrière qui ne fut point très longue, Gérard
peignit environ trois cents portraits, dont beaucoup en pied, qui font revivre devant nous tous
les personnages en vue qui, pendant la première partie de ce siècle, apparurent sur la scène du
monde politique, militaire ou littéraire.

Bonaparte avait promis à Talma un parterre de rois. La vogue de Gérard lui assura une
galerie de têtes couronnées, avec tout l’état-major qui forme le cortège habituel des cours.

C’est par ce côté spécial que l’Exposition centennale nous a montré Gérard, en réunissant
onze cadres où parlent et redisent leurs préoccupations et leur coquetterie maintes gens de la
génération passée.

Gérard ne se cantonna point cependant dans ce genre. 11 aborda aussi l’histoire avec Anster-
lit{, avec Y Entrée de Henri IV.

Comme David, il s’était attaqué à des sujets modernes et vécus. Il avait accepté de retracer
quelqu une des grandes scènes de la Révolution : la séance du 10 août. Comme David, pour le

1. Voir l’Art, i5° année, tome Ty pages 145, 168, 23i, 256 et 289, et tome IJ, pages i3, 28, 47, 65 et 100.

Tome XLV1I.

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