L' art: revue hebdomadaire illustrée (15.1889 (Teil 2))

Étude par Édouard Détaillé.

EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889

La Peinture française, Y Aquarelle, la Gouache, le Pastel, le Burin,
l'Eau-forte et la Lithographie à l’Exposition décennale


I

Si la section décennale de la Peinture française
démontre incontestablement que l’Ecole, prise dans son
ensemble, demeure la première de toutes, il est non moins
hors de doute que les œuvres exposées témoignent d’une
dégénérescence grave de la puissance créatrice. Le mérite
de la facture, des qualités « de patte », cela se rencontre
dans chaque salle ; mais cette passion géniale de Pau
delà, qui vibre dans les galeries de la section centennale,
ce don suprême à qui la France doit l’éternelle gloire
des Gros, des Delacroix, des François Bouchot, des Corot,
des Diaz, des Jules Dupré, des Théodore Rousseau, pour
ne citer que bien peu de noms, cette étincelle, en un
mot, qui vous sacre maître, et maître immortel, vous
les chercherez en vain dans la longue suite des salles fran-
çaises du rez-de-chaussée ; vous y trouverez, certes, du
talent, beaucoup de talent même, mais une telle unifor-
mité de talent, une telle habileté générale que vous finirez
par supplier les dieux cléments de vous les faire rencon-
trer en compagnie de quelque accent particulier ou même
de quelques-uns de ces défauts que ne connaît pas le
commun des mortels. Cette note particulière, tout comme
ces défauts spéciaux, ne caractérise que les artistes d’ordre
suprême, ceux-là seuls dont les œuvres sont marquées de la griffe du lion. On ne découvre que
deux exemples de cette supériorité à l'Exposition décennale ; le troisième se fût manifesté avec
éclat, par les preuves multiples d’une imagination luxuriante plus jeune, plus vivace que jamais,
si M. Gustave Moreau n’avait eu le tort de s’abstenir; nous regrettons profondément son absence.
Avant de quitter le rez-de-chaussée, il est juste de signaler une des très rares œuvres nou-

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Étude par Édouard Détaillé.