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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Mannheim, Jules: L' exposition rétrospective d'objets d'art fraçais au palais du Trocadéro, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0143

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L’EXPOSITION RETROSPECTIVE D’OBJETS D’ART FRANÇAIS

AU PALAIS DU TROCADÉRO1

III

Jusqu’à présent nous avons gardé les tapisseries pour
la fin de nos causeries : si nous en faisions le début de
celle-ci, cher lecteur! l’idée ne vous sourit-elle pas ? Les
émaux peints que la salle du xvie siècle nous offre comme
nouveauté sont fort séduisants, nous n’y contredisons pas,
les salières d’Oiron, ou mieux de Saint-Porchaire, ne
manquent pas d’attrait, loin de là; ni les rustiques
figulines de Bernard Palissv, ni les boiseries de l’Ile-de-
France ; mais, bien que d’ordinaire on conserve les bonnes
choses pour la bonne bouche, nous commencerons cepen-
dant par les belles tentures qui ornent le dessus des
vitrines et que nous considérerons tout de même comme
de bonnes choses. Quand on écrit les dernières lignes
d’articles aussi étendus que les précédents, on craint de
lasser davantage la patience de celui qui lit, et on est tenté
d’écourter : or, comme nous plaçons l’art du tapissier au
moins au même niveau que celui de l’orfèvre ou celui de
l’émailleur, nous ne voudrions pas qu’on pût nous accu-
ser du contraire, en nous voyant en réserver les produits
systématiquement pour les pages où, malgré soi, on con-
dense ses développements, l’on serre ses mots !

Malheureusement, comme début, nous n’avons qu’un
résultat négatif : de quel atelier proviennent les quatre
panneaux de M. Jamarin? nous ne le savons pas. Quels
sont les sujets représentés? même ignorance. Sont-ce des
scènes tirées de la fable, de la Bible, d’un roman quel-
conque du Moyen-Age ? Le propriétaire a peut-être entre
les mains quelques renseignements pouvant éclaircir la
question : tout ce que l’on peut avancer en attendant,
c’est que les costumes indiquent la fin du xve siècle, le
règne de Charles VIII, date qui nous forçait, outre leur
bel état de conservation, à les mettre en tête de notre
travail.

La cathédrale du Mans a envoyé la Vie de saint Ger-
vais et de saint Protais, qui nous transporte aux premières
années du xvi° siècle, en i5og; cette date se trouve sur le
dernier panneau, au milieu d’une inscription nous appre-
nant que cette longue frise fut tissée aux frais de Martin
Guérande, Angevin de naissance et chanoine du Mans,
puis offerte par ce chanoine à l’église pour la décoration
du chœur. La cathédrale de Soissons possède un morceau
d’une suite de tapisseries perdues, retraçant la même
légende et due aussi à la générosité d’un membre du

i. Voir l’Art, i5" année, tome II, page 67.

Tome XLVII.

te)

clergé, Jean Millet, évêque de Soissons de 1443 à i5o3.
C’était un usage alors fort répandu de laisser ainsi aux
églises des preuves de sa générosité; les tapissiers, entre
autres, ne devaient pas s’en plaindre.

Un peu postérieure est la légende de la Vierge, de la
cathédrale de Reims, fragment de la suite donnée en
i53o par le cardinal Robert de Lenoncourt, archevêque
de Reims de 009 à i532, mais antérieure certainement
à cette date, l’achèvement de cette série, comprenant en
tout quinze pièces, ayant certainement demandé de longues
années. Notre panneau, aux armes de Lenoncourt, écar-
telées de celles de Notre-Dame de Reims, nous montre la
mère du Christ faisant de la tapisserie, ce qui est bien en
situation, et tout alentour des allégories sur ses vertus.
Le lecteur se souvient probablement que ce même cardi-
nal, désireux sans doute de léguer à la postérité une im-
pression de munificence ou ayant beaucoup à se faire
pardonner peut-être, avait fait cadeau à l’église Saint-Rémi
de Reims d’une vie de son illustre patron dont un panneau
est exposé dans la deuxième salle et qui peut compter
parmi les plus remarquables tapisseries religieuses du
temps.

Au milieu du xvic siècle appartient la dernière tapis-
serie de la salle, prêtée par M. Ehrmann. L’analogie
qu’elle présente avec les quatre panneaux de l’histoire de
Diane, aujourd'hui au château d’Anet, permet d’y voir
un produit des ateliers de Fontainebleau, la première
manufacture royale de tapisserie. Comme cet atelier fut
installé vers i53o dans le palais de cette ville et pour son
embellissement, et que, malgré les données fort incer-
taines qu’on a sur la durée de son existence, on peut affir-
mer que le retour de la cour à Paris, après la mort de
Henri II, entraîna sa suppression, il est probable que
notre tenture a vu le jour vers la fin du règne de Fran-
çois Ier. Le sujet est tiré de l’histoire de Psyché, racontée
tout au long par Apulée : Psyché, comme l’a ordonné
l’oracle, est portée par sa famille en pleurs sur une mon-
tagne déserte pour y être abandonnée. Le carton qui a
servi à exécuter ce morceau est une des trente-deux plan-
ches de l’histoire de Psyché par le graveur inconnu qu’on
désigne habituellement sous le nom de Maître au Dé et
qui en général copiait Raphaël, auteur des compositions
célèbres de l’histoire de Psyché. Un émail de Léonard
Limousin, exposé dans la vitrine qui fait face à la tapis-
serie, reproduit exactement le même sujet.

Cette communauté de modèles nous fournirait une

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