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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Brès, Louis: Exposition universelle de 1889: l'art dans nos colonies et pays de protectorat, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0164

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144

L’ART.

petit monde en calottes rouges et en vestes citron, rose ou
pistache. Puis, ce sont des études de rues d’Alger, de tona-
lité très line, de M. Dagnan-
Bouveret; des Juives sur le
pas de leur porte, de M. Brouil-
let; une jolie laveuse algé-
rienne et une rue d’Alger
d’une plaisante animation, de
M. Friant; des types algé-
riens, de M. Bretegnier; une
cour de mosquée, de M. Bou-
chor ; une entrée de calife
dans une ville arabe, par
M. Benjamin Constant, et
d’autres encore que nous
pourrions citer.

Les artistes du cru sup-
portent sans trop faiblir ce
voisinage. Il y a là, sans
doute, des toiles qui ne sont
que des essais, mais quelques-
unes témoignent d’une vue
juste et d’un heureux tempé-
rament de peintre. Ce sont,
en général, des paysages ou
des intérieurs, qui sollicitent
à plus juste titre l’attention.
Nous signalerons pourtant

Bacchus.

Moulage d’une statue antique
trouvée en Algérie.
(Exposition Universelle de 1889.)
Dessin de Lucien Laurent-Gsell.

une grande figure : Femme
de Bou-Saada, par M.Joseph
Sintès, d’Alger, qui ne man-
que pas de correction. Le
Café kabyle, du meme artiste, nous intéresse, à vrai
dire, davantage. L’effet de lumière en est bien compris
et les divers accessoires en sont
traités avec habileté et avec soin.

M. Edouard Guérin, de Tlemcen,
nous offre des paysages de l’intérieur
animés de ligures : le Retour de la
visite au marabout, la Mer d’alfa,
le Mirage à Sfissifa, qui ne sont
pas sans caractère. Le dessin des
figures laisse toutefois, comme dans
sa Vendeuse de pains, quelque peu à
désirer. M. Armand Point, d’Alger,
se préoccupe très certainement des
nouvelles tendances de nos peintres
lumiéristes, et il faut reconnaître
que cela lui réussit parfois assez bien.

Son Cheval au bain est une fort jolie
page d’un ton rare et charmant,
toute frissonnante du souffle du ma-
tin. Dans ses Laveuses à la rivière,
dans ses Palanquins, M. Point donne
une note un peu lourde qui nous
plaît moins. Nous retrouvons la
finesse de son œil dans deux petites

toiles représentant des coins d’oasis au printemps ; il y a
là des verts délicats et des roses pâles d’une harmonie
discrète et voilée qui sont pleins de charme.

Prêtre phrygien
s’apprêtant à faire une libation
devant l’autel de Cybèle.
Moulage d’une statue antique
trouvée à Cherchell.
(Exposition Universelle de 1889.)
Dessin de Lucien Laurent-Gsell.

Moulage de la Vénus du Musée de Cherchell.
(Exposition Universelle de 1889.)
Dessin de Lucien Laurent-Gsell.

Un aimable paysagiste aussi, c’est M. Marzocchi,
d’Alger. Il y a, dans son Passage du gué, dans sa Rivière
de Bou-Saada, dans ses paysages des environs d’Alger,
égayés de massifs de lau-
riers-roses et de touffes
d’iris en fleurs, une fraî-
cheur de coloris, une lim-
pidité aérienne d’un charme
très suggestif. M. Noailly
trouve, lui aussi, sur sa
palette, des notes fines et
rares pour peindre les plages
de sable et les bouquets
d’oliviers des environs d’Al-
ger. M. Hippolyte Dubois,
encore un paysagiste algé-
rien, a des verts plus puis-
sants, une touche plus ro-
buste et plus nerveuse, une
exécution plus vibrante. Son
Frais vallon, si bien nommé,
n’était la maison arabe qui
le domine, pourrait se trou-
ver au cœur de la France
aussi bien qu’en Algérie. Sa
Rue d’Alger, son Coin de
la Casbah, avec leurs mu-
railles effritées, leurs pou-
trelles enchevêtrées, leur
curieux bricTà-brac, témoi-
gnent d’un sens pittoresque très affiné. C’est un coloriste.
Nous citerons encore les rues arabes et les intérieurs de
M. Geille de Saint-Léger.

Des travaux d’un ordre tout spécial, ce sont les pein-
tures de MM. Chubassière et Munoz,
d’El-Guerrah, d’après des mosaïques
romaines trouvées à l’Oued-Athme-
nia et à Tebessa ou donnant les vues
des salles romaines de Tebessa. Ce
sont des documents d’un sérieux
intérêt au point de vue de l’archéo-
logie.

La sculpture algérienne n’est re-
présentée que par quelques bustes.
Nous signalerons toutefois, avec
éloges, deux têtes de Juives, pleines
de caractère et enlevées avec esprit
par M. Fourquet. La belle statue de
l'Algérie, de M. Gauthier, qui avait
figuré au Salon de 1887 et qui orne
le vestibule d’honneur, mérite aussi
une mention.

Nous ne terminerons pas cette
étude sur l’art en Algérie sans remer-
cier M. Muller, commissaire général
de l’Exposition algérienne, de l’em-
pressement qu’il a mis à nous
fournir toutes les indications de nature à faciliter notre
tâche.

(A suivre.) Louis BrÈS.

Le Gérant, E. MÉNARD.
 
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