Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

DOI Artikel:
Hustin, A.: Exposition universelle de 1889: les peintres du centenaire 1789-1889, [13]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0187

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ÉMILE DEROY 7 1847. —- GRANET 7 1849. - TH. CHASSÉRIAU, PAUL DELAROCHE 7 1856.

ARY SCHEFFER 7 1858. BENOUVILLE 7 i85g.

ans le pourtour du dôme du Palais des Beaux-Arts, au-dessous
des Romains de la décadence, de Couture, sur la cimaise, l’œil
charmé s’arrête complaisamment sur un portrait étrange, d’une
adorable couleur chaude, hardiment modelé avec le sentiment de
la forme et du caractère particulier du détail. C’est celui d’un
tout jeune homme, dans la tenue d’un dandy romantique, la

chevelure opulente, ondulée et brune, la barbe naissante et

Ægj légère, les sourcils en accents circonflexes, les yeux noirs, profonds,
interrogateurs, le nez busqué, les lèvres déjà affinées par le sarcasme.
La pose est nonchalante ; la main gauche relevée, avec l'index contre
la tempe, la droite en avant, cambrée sur un bras de fauteuil. Ce por-
trait, — un petit chef-d’œuvre, — c’est celui du poète des Fleurs du
mal, Charles Baudelaire. Il est signé Émile Deroy et porte le millésime
de 1844. Ce n’est pas sans peine, il est vrai, qu’on découvre ces ori-
gines. L’artiste a dérobé, sous quelques pattes de mouche, un nom qui
ne parle plus à la mémoire.

Qui sait encore aujourd’hui, en effet, d’où il est venu, où il est allé? Ce

n’est point le catalogue officiel; ce ne sont point les dictionnaires qui restent muets à son

endroit. Ce ne sont point davantage les livrets, qui ignorent même son existence.

Et cependant Émile Deroy appartenait à une famille d’artistes. Il était le fils de cet Isidore
Deroy, élève de Cassas et de Félix, qui mania si habilement le crayon et publia des centaines
de vues lithographiées, recherchées par tous ceux qui refont aujourd’hui l’histoire des localités et
de leurs monuments. Né à Paris, comme son père, il n’avouait aucun maître. Et cependant, à sa
touche autant qu’à sa couleur, il est permis de discerner un élève de Gros. Coloriste puissant et
doué, merveilleusement armé pour briller aux premiers rangs dans la pléiade romantique, il ne
fut servi ni par l’opiniâtreté, ni par les circonstances. Travaillant à ses heures seulement, suppor-
tant mal l’obscurité dans laquelle il végétait, faute de se produire, il inspirait l’effroi à ses
confrères par ses boutades et ses mots cruels. Les artistes le délaissèrent. Les littérateurs le
recueillirent. Baudelaire, qui le tenait en grande estime, en fit son commensal et les hôtes

'WÆ
-wfi r*

l 1:


i. Voir l’Art, i5* année, tome Ior, pages 145, 168, 23i, 256 et 289, et tome II, pages 13, 28, 47, 65, 100, io5 et 145.
Tome XLVI1.

25
 
Annotationen