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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Méchin, F.: La Perse à l'exposition universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0276

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LA PERSE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889.

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faïence d'un effet magnifique et qui existent toujours ; elle
était entourée des somptueux palais de Hafdest, Tchehel-
Soutoun (quarante colonnes), Ferada-
bad, construits par chah Abbas Ier et
chah Abbas II; les grands jardins de
Tchahar-Bagh (quatre jardins) enca-
draient ces édifices, et des cascades,
bâties avec de larges dalles en marbre
blanc, donnaient une fraîcheur des plus
agréables dans ces pays chauds et ré-
pandaient de l’eau de tous côtés à pro-
fusion.

Vers 1720,1a dernière invasion af-
ghane détruisit en grande partie ces
châteaux et ces jardins.

Lors de mon premier voyage à
Ispahan, en 1863, j’avais vu des restes
de ruines offrant quelque intérêt; mais
à mon dernier, en 1882, les murs seuls
subsistaient.

Les platanes, plantés depuis plus de
deux siècles, qui abritaient jadis l’ave-
nue conduisant de la ville au pont si
curieux de Djoulfa, étaient à moitié
brisés; les palais, dont les plafonds
étaient autrefois pavés de milliers de
morceaux et de glaces entières en verre
de Venise; les parois des murs, à l’in-
térieur ornées de peintures exécutées
par les premiers artistes du pays, et les
murs extérieurs tapissés de panneaux
en faïence des plus décoratifs, étaient
alors vides de leurs ornements et n’of-
raient plus à mes yeux étonnés que les briques en pisé
ayant servi à leur construction primitive.

La famine, la misère et la rapacité
des habitants n’avaient rien respecté.

Sans souci de la bastonnade qu’ils pou-
vaient recevoir et même de châtiments
plus sévères, pour gagner quelques krans,
ils avaient tout saccagé et tout enlevé.

Un très beau spécimen, provenant
d’un des châteaux d’Ispahan, figurait à
l’Exposition L

C’est un grand panneau encadré, et
en longueur, formé de plaques de revête-
ment en faïence à fond émaillé blanc.

Il représente un prince de la famille de
chah Abbas II, prenant une leçon de lit-
térature d’un mir^a placé en face de lui.

Ils sont tous les deux assis, les jambes
repliées à la manière persane. Par terre,
sont des fruits dans des vases et, à côté,
une bouteille à long col contenant de
l’eau de rose. Derrière eux, se tiennent
deux servantes, à visage découvert, dont
l’une présente, dans un bol, des rafraî-
chissements consistant en cherbet (sor-
bet).

La scène se passe dans un jardin ont-

Petite bouteille
en faïence à reflets métalliques.
(Exposition Universelle de 1889.
Dessin de Lucien Laurent-Gsell.

bragé.

Petite bouteille
en faïence émaillée à reflets métalliques.
Pièce très rare.

(Exposition Universelle de 1889.)
Dessin de Lucien Laurent-Gsell.

Les costumes de ces quatre person-

1. C’est la précieuse faïence décorative reproduite en tète de
cette étude.

nages de l'époque sont variés de couleur; les turbans, les
ceintures et les longues robes émaillées en bleu, vert,
brun et bleu turquoise sont d’un effet
pittoresque et des plus gracieux.

L’empire des Perses, autrefois si
florissant et si peuplé, n’a jamais pu se
relever de ses ruines.

Trois fois grand comme la France,
mais avec sept à huit millions d’habi-
tants, il n’a pas de voies de communi-
cation faciles ; les routes carrossables
y sont inconnues; toutes les marchan-
dises doivent être transportées à dos de
mulet et de chameau.

Son sol est riche ; ses forêts du Gui-
lan et du Mazenderan, longeant la mer
Caspienne de l’est à l’ouest, sont plan-
tées d’essences d’arbres de toutes sortes ;
si elles étaient percées de routes, elles
pourraient être exploitées facilement,
et de son sol et de ses forêts, la Perse
retirerait une source de revenus consi-
dérables.

Les deux premiers voyages de Nas-
ser-Eddin chah en Europe ont déjà
profité à ses Etats et notre commerce
s’en est ressenti. Il est certain que sa
visite, cette année, aux merveilles de
notre Exposition Universelle ne sera
pas sans exercer, sur lui et sur ses
ministres, une influence dont profitera
le peuple persan, qui a toutes les apti-
tudes pour progresser.

La capitale, de malpropre, malsaine, peu aérée qu’elle
était lorsque je la vis en 1S5S, a pris depuis meilleur
aspect. De longs boulevards ont été tra-
cés dans l’intérieur et autour de Téhéran;
de belles rues ont été percées ; des mai-
sons confortables ont été élevées par les
Européens, et un tramway, qui doit
fonctionner prochainement, facilitera les
communications.

Je, ne pourrais pas en dire autant des
autres villes importantes de la Perse, qui
sont telles qu’elles étaient il y a plus
d’un demi-siècle ; elles sont environnées
de trous, d’excavations et de maisons
ruinées ; le Musulman ne relève pas ce
qui tombe ; il préfère transporter scs
pénates dans un autre lieu.

Pour arriver à de bons résultats, il
faut, dans l’entourage du roi, une jeune
génération d’hommes sérieux, mettant
de côté le système persan, aimant la
patrie et empruntant aux Européens ce
qui peut être utile et profitable à leur
civilisation et à leurs progrès.

Il serait nécessaire aussi que Sa Ma-
jesté fût représentée à l’étranger par des
ministres intelligents, à la hauteur de
leurs fonctions et connaissant les besoins
et les aspirations de leur pays, qui y
gagnerait en grandeur et en bien-être.

F. M é c h 1 n .

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Tome XLVII.
 
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