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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0034

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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Napoléon, qui regardait avec raison les montagnes comme étant les
limites naturelles des peuples; qui avait vu souvent se dessiner, d'une
ligne de rochers à la ligne opposée, un sentiment de répulsion indélé-
bile ou d'alliance intime entre deux nations limitrophes, avait eu la
pensée de grouper, dans un système fédératif, la Biscaye, la Navarre,
partie de l'Aragon et toute la Catalogne, et de les annexer à la France.
Il eût privé l'Espagne de ses provinces les plus puissantes, de ses meil-
leurs soldats, anéanti son commerce, sa marine, et créé pour l'avenir
un élément de disjonction, car je ne suppose pas qu'en admettant la
perpétuité de l'empire napoléonien, les quatre pays incorporés fussent
demeurés français. Tôt ou tard, ils eussent proclamé leur indépendance;
tôt ou tard ils la proclameront si le gouvernement espagnol n'y prend
garde, s'il continue d'absorber, au profit des autres provinces, la ma-
jeure partie des revenus que les provinces septentrionales versent au
trésor. Basques, Navarrais, Aragonais, Catalans, tous aiment, tous res-
pectent leur jeune reine, mais ils se plaignent d'être oubliés. Or Dieu
sait avec quelle habileté perfide certaines gens savent aigrir l'esprit
d'une population fidèle et lui persuader qu'on la néglige!
Ce serait une bien curieuse, bien intéressante histoire que l'histoire
des Pyrénées, prises des rives de la Garonne et de l'Adour aux rives de
l'Èbre; résumant tous les produits, toutes les cultures, toutes les indus-
tries, tous les souvenirs; s'attachant aux pas des différentes races
d'hommes qui ont vécu trois mille ans presque ignorés parmi les mon-
tagnes; qui, tour à tour, se sont alliés, mêlés ou séparés, et qui, de
leurs efforts combinés, de leurs rivalités fougueuses, d'un sentiment
de besoin ou d'une soif de gloire, ont fait surgir tant de villes fortes, tant
de ports maritimes et de châteaux! Deux cités importantes, Bayonne et
Perpignan, forment les clefs principales des Pyrénées, les clefs de l'Es-
pagne du côté de la France : l'une, encore toute espagnole par ses habi-
tudes et son langage, ceinte de murailles en briques, comme au temps
de Philippe II, précédée de Collioure, Bellegarde, Mont-Louis, senti-
nelles avancées qu'elle met en vedette pour observer les mouvements de
la Péninsule, se tient debout, éveillée, n'ouvrant ses portes qu'avec
réserve, et les refermant avec prudence; l'autre, plus commerçante
que militaire, appuyée contre une citadelle imprenable, entretient avec
 
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