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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0052

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30 VOYAGE EN ESPAGNE.
11 s'en faut que toutes les tentatives d'adjonction de l'art du seizième
siècle à l'art mauresque des siècles antérieurs aient été fécondes en bons
résultats. Les villes mauresques avaient rempli leur destinée; il apparte-
nait aux villes chrétiennes d'accomplir la leur, libres, d'emprunts dont
l'alliance entraînait des disparités choquantes : mais la difficulté plaît,
séduit, captive, et le bon goût succombe fréquemment dans la recherche
du merveilleux. La cathédrale de Cordoue en offre une preuve mani-
feste : d'autres grands édifices, tels que la cathédrale et l'Alcazar de
Séville, l'Alhambra de Grenade ne sont pas exempts du même reproche.
Cependant, depuis la grande Isabelle jusqu'à Philippe II, les traditions
d'une bonne école servirent de sauve-garde tutélaire aux villes qu'un
fatal amour de moderniser compromettait. Jamais, en aucune époque
de l'histoire, on n'a tant bâti : Salamanque, Valladolid, Tolède, Séville,
Grenade portent particulièrement le témoignage d'une ardeur archi-
tecturale incroyable, en même temps qu’elles donnent la plus haute
idée de l'intelligence artistique des souverains, du talent et de l'habileté
des travailleurs. Sans doute l'œil peut y saisir la dégénérescence im-
minente de l'art; mais l'art lui paraît encore grand et fort.
Que ne puis-je en dire autant du règne de Philippe II ! Malheureuse-
ment l'Escurial, conception bizarre faisant époque, écrase de sa pe-
santeur mes pensées les plus indulgentes. Depuis lors, au point de vue
de l'idéal, toutes les anciennes villes espagnoles ont dégénéré : Murillo,
Vélasquez, Berruguète, Alonzo Cano, Hernanez, semblent les avoir tra-
versées, suivis de leurs élèves, comme deux courants limpides qui cou-
rent fertiliser un domaine éloigné, sans féconder leurs propres rives.
Sous le rapport matériel, les villes que la guerre ou l'émigration n'a
pas ruinées, se sont ressenties quelque peu des progrès de la civilisa-
tion. 11 en est même d'importantes, comme Barcelone, Valence et Ma-
laga, Barcelone surtout, dont le rajeunissement s'opère par la triple et
féconde influence de l'agriculture, du commerce et de l’industrie.
 
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