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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0082

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30 VOYAGE EN ESPAGNE.
défilé redoutable, que les Espagnols n'ont pas su défendre, et dont les
hommes les plus étrangers au métier de la guerre ne peuvent s'empê-
cher de reconnaître toute l'importance.
Depuis Ameyugo jusqu'au pays fertile de Bureba, couvert d'ormeaux
et de noyers, tapissé de vignes, de champs labourés et de prairies, c'est-
à-dire dans un espace d'environ six kilomètres, la route se trouve do-
minée par une suite non interrompue de roches bleuâtres d'un effet
magnifique, qui se prolongent le long de la vallée comme des laves.
Une petite rivière coule à leurs pieds; des ruines éparses attestent les
fureurs de la guerre; on traverse Pancorbo dont plusieurs maisons,
précédées d'une galerie basse enterrée sous le sol, semblent recéler
quelque race antique n'ayant rien de commun avec les affaires de ce
monde; on voit se profiler contre des murailles sombres des Castillans
plus sombres encore, sinon tous nobles, du moins tous sales, drapés
dans leurs haillons et regardant le soleil avec la fierté de l'aigle. Ils
ont, du reste, bien raison d'admirer leur ciel et d'aspirer délicieuse-
ment leur lumière; car c'est un des plus beaux ciels du monde.
Je viens de traverser l'Oca sur un pont déjà vieux. J'y ai vu, comme
j'aurai d'ailleurs l'occasion de le voir souvent en Castille, un lion te-
nant l'écusson aux armes royales. Tous ces lions, si fiers sous Charles-
Quint, semblent porter la crinière basse aujourd'hui qu'ils ont été
bravés tant de fois par les armées étrangères. Les pattes de la plupart
sont même sans griffes; soit qu'ils les aient usées à combattre, soit
qu'ils les aient brisées en voulant retenir un passé qui s'échappe.
Bribiesca, jolie petite ville de deux mille âmes, située de l'autre côté
du pont, sur un sol fertile planté de vignes et d'arbres fruitiers, pos-
sède les ruines d'un vieux château dans lequel se sont tenus les cortès
vers l'année 1388. On cite ses deux églises, quoiqu'elles soient peu
dignes des regards du touriste qui fera mieux d'aller voir, à travers
les montagnes, le pont romain et le couvent des bénédictines d'Ona. Ce
couvent porte la triste empreinte de dégradations récentes, mais tel
qu'il est il offre encore beaucoup d'intérêt.
Si l'on en croit l'histoire, ce canton aurait été l'un de ceux où vers
la fin de sa courte et tumultueuse carrière, le chef de partido Zumala-
carregui aurait porté l'effroi de ses armes, quand, ayant franchi l'Èbre
 
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