76 VOYAGÉ EN ESPAGNE.
canal de Castille, qui donne la vie à cette contrée dite Parameras ou
Tierra de Campos.
Torquemada, ville antique où se trouvent beaucoup de vieilles mai-
sons, parmi lesquelles il en est une (n° 82) que nous croyons du
neuvième ou du dixième siècle, occupe le plateau d'une colline assez
élevée. C'est la patrie (1388-1468) de Jean Torquemada, savant théolo-
gien, qui fit partie des conciles de Bâle et de Ferrare, qui devint car-
dinal-légat près de Charles VII, et qui laissa quantité d'ouvrages
imprimés ou manuscrits. La première impression exécutée à Rome, en
1467, le fut pour un de ses livres, dont il n'existe plus qu'un seul
exemplaire orné de gravures que je crois avoir été faites à Nuremberg,
circonstance qui explique la présence de l'exemplaire en question dans
la bibliothèque de cette ville. Le trop fameux Th. de Torquemada,
premier inquisiteur d'Espagne, auquel l'histoire reproche huit mille
huit cents arrêts de mort, paraît avoir'vu le jour dans la même
localité, quoi qu'on le dise de Valladolid (1420-1498).
La ville de Duenas, dominée par les ruines d'un vieux château et
par le monastère de la Espina, où reposent la reine Blanche et dona
Sancha; Arancel, qui enjambe la Pizuerga sur un pont de deux arches
d'une construction originale, se présentent comme les deux grandes
caves du pays : on ne voit qu'excavations dans les deux montagnes
qu'elles occupent ; les " plus souterraines servent à la conservation des
vins; les plus superficielles à l'habitation des malheureux, dont les
huttes, aussi vieilles que la vieille Espagne, ne possèdent qu'une seule
ouverture pour la lumière et la fumée.
Sur toute cette ligne, depuis Burgos, nous avons remarqué de l'ai-
sance, une animation progressive, peu de ruines et beaucoup d'églises
byzantines, transformées en églises ogivales, agrandies et modifiées à
la moderne; preuve qu'ici les populations ne sont pas demeurées sta-
tionnaires. Un monument est un registre de passage sur lequel les
siècles viennent en courant apposer leur signature.
canal de Castille, qui donne la vie à cette contrée dite Parameras ou
Tierra de Campos.
Torquemada, ville antique où se trouvent beaucoup de vieilles mai-
sons, parmi lesquelles il en est une (n° 82) que nous croyons du
neuvième ou du dixième siècle, occupe le plateau d'une colline assez
élevée. C'est la patrie (1388-1468) de Jean Torquemada, savant théolo-
gien, qui fit partie des conciles de Bâle et de Ferrare, qui devint car-
dinal-légat près de Charles VII, et qui laissa quantité d'ouvrages
imprimés ou manuscrits. La première impression exécutée à Rome, en
1467, le fut pour un de ses livres, dont il n'existe plus qu'un seul
exemplaire orné de gravures que je crois avoir été faites à Nuremberg,
circonstance qui explique la présence de l'exemplaire en question dans
la bibliothèque de cette ville. Le trop fameux Th. de Torquemada,
premier inquisiteur d'Espagne, auquel l'histoire reproche huit mille
huit cents arrêts de mort, paraît avoir'vu le jour dans la même
localité, quoi qu'on le dise de Valladolid (1420-1498).
La ville de Duenas, dominée par les ruines d'un vieux château et
par le monastère de la Espina, où reposent la reine Blanche et dona
Sancha; Arancel, qui enjambe la Pizuerga sur un pont de deux arches
d'une construction originale, se présentent comme les deux grandes
caves du pays : on ne voit qu'excavations dans les deux montagnes
qu'elles occupent ; les " plus souterraines servent à la conservation des
vins; les plus superficielles à l'habitation des malheureux, dont les
huttes, aussi vieilles que la vieille Espagne, ne possèdent qu'une seule
ouverture pour la lumière et la fumée.
Sur toute cette ligne, depuis Burgos, nous avons remarqué de l'ai-
sance, une animation progressive, peu de ruines et beaucoup d'églises
byzantines, transformées en églises ogivales, agrandies et modifiées à
la moderne; preuve qu'ici les populations ne sont pas demeurées sta-
tionnaires. Un monument est un registre de passage sur lequel les
siècles viennent en courant apposer leur signature.