106 VOYAGE EN ESPAGNE.
d une part, moyennant un système de digues, d'autre part, moyennant
un canal latéral.
LOGRONO.
Logroûo, la Jutiobriga des anciens, située sur la rive droite du fleuve,
dans une belle plaine ceinte de montagnes, formant la clef de l'Alava,
de la Navarre et de la Vieille-Castille, avait jadis une importance con-
sidérable. Son vieux château démantelé, ses murailles, ses fossés rem-
plis d'eau, le pont bâti sur l'Ebre, d'abord par l'ermite San Juan de
Ortega, puis en 1770 par un architecte non moins habile, sa rue cen-
trale ornée de portiques, sa place del Coso, ses jolies promenades, son
couvent des carmélites déchaussées, si célèbre dans les annales monas-
tiques, son église collégiale de Sainte-Marie-de-la-Rotonde , le réseau de
ruelles tortueuses, sombres et salles qui embrasse cet ensemble, don-
nent l'idée de ce que pouvait être, de ce qu'est aujourd'hui la ville de
Logroûo. La guerre de l'indépendance lui fut très-préjudiciable. En
1838 , Espartero y établit son quartier général; en 1845, Villalonga y
lit fusiller Zurbano, chef christino, la terreur des campagnes. Devenue
capitale de province , siège d'autorités nombreuses, séjour d'une gar-
nison, ayant d'ailleurs douze à quinze mille âmes de population, Lo-
grono se relève de ses anciens désastres et devient un foyer de com-
merce qui prendra sans doute beaucoup d'extension quand l'Ebre sera
navigable.•
Pour aller de Burgos à Logrono, nous n'avions pas suivi la route des
diligences, moins directe que ne l'est celle qui traverse les montagnes
d'Oca et la riante vallée où l'Oja promène son eau limpide. Santo Do-
mingo de la Calzada, ville épiscopale de cinq ou six mille habitants, ne
méritait de nous arrêter que juste le temps d'étudier sa vieille église,
commencée en 1180, terminée en 1235, mais singulièrement dégradée
par l'incendie de 1825. Nous avions hâte d'atteindre Najera, le Saint-
Denis de la Castille et de la Navarre, dont l'église bénédictine de Santa
Maria renferme trente-cinq tombeaux de princes. Malheureusement,
la demeure funèbre de la plupart d'entre eux porte des traces de profa-
nation, et jamais la mort ne nous a semblé plus muette. Le retable du
grand chœur, sculpté en 1495 par deux artistes habiles, maître Andrès
d une part, moyennant un système de digues, d'autre part, moyennant
un canal latéral.
LOGRONO.
Logroûo, la Jutiobriga des anciens, située sur la rive droite du fleuve,
dans une belle plaine ceinte de montagnes, formant la clef de l'Alava,
de la Navarre et de la Vieille-Castille, avait jadis une importance con-
sidérable. Son vieux château démantelé, ses murailles, ses fossés rem-
plis d'eau, le pont bâti sur l'Ebre, d'abord par l'ermite San Juan de
Ortega, puis en 1770 par un architecte non moins habile, sa rue cen-
trale ornée de portiques, sa place del Coso, ses jolies promenades, son
couvent des carmélites déchaussées, si célèbre dans les annales monas-
tiques, son église collégiale de Sainte-Marie-de-la-Rotonde , le réseau de
ruelles tortueuses, sombres et salles qui embrasse cet ensemble, don-
nent l'idée de ce que pouvait être, de ce qu'est aujourd'hui la ville de
Logroûo. La guerre de l'indépendance lui fut très-préjudiciable. En
1838 , Espartero y établit son quartier général; en 1845, Villalonga y
lit fusiller Zurbano, chef christino, la terreur des campagnes. Devenue
capitale de province , siège d'autorités nombreuses, séjour d'une gar-
nison, ayant d'ailleurs douze à quinze mille âmes de population, Lo-
grono se relève de ses anciens désastres et devient un foyer de com-
merce qui prendra sans doute beaucoup d'extension quand l'Ebre sera
navigable.•
Pour aller de Burgos à Logrono, nous n'avions pas suivi la route des
diligences, moins directe que ne l'est celle qui traverse les montagnes
d'Oca et la riante vallée où l'Oja promène son eau limpide. Santo Do-
mingo de la Calzada, ville épiscopale de cinq ou six mille habitants, ne
méritait de nous arrêter que juste le temps d'étudier sa vieille église,
commencée en 1180, terminée en 1235, mais singulièrement dégradée
par l'incendie de 1825. Nous avions hâte d'atteindre Najera, le Saint-
Denis de la Castille et de la Navarre, dont l'église bénédictine de Santa
Maria renferme trente-cinq tombeaux de princes. Malheureusement,
la demeure funèbre de la plupart d'entre eux porte des traces de profa-
nation, et jamais la mort ne nous a semblé plus muette. Le retable du
grand chœur, sculpté en 1495 par deux artistes habiles, maître Andrès