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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0262

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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œuvres littéraires dans l'autre. Si c'est en Castille qu'on lui demande
son origine, il répond : Je suis Asturien ; si c'est dans les Asturies, il
affirme effrontément être natif de la Biscaye. A Larédo, il se dit Gali-
cien; à Madrid, à Yalladolid ou Burgos, il se donne pour Aragonais,
évitant de prononcer le nom d'Astorga ou celui de Léon qui décélérait
son berceau natal. Au reste, en se déclarant ainsi tantôt d'une pro-
vince tantôt d'une autre, le Maragato reste dans les limites rigou-
reuses du vrai, car, dit encore don Manuel de Cuendias, il naît par-
tout, comme les champignons. Aujourd'hui, dans Yalladolid„ pousse
un Maragato; demain il en pousse un autre dans une posada du che-
min, comme il en pousse tous les jours par douzaines dans les mesones
de l'Azobijo de Ségovie; comme il en pousserait chez vous, si jamais
vous aviez la faiblesse ale permettre à l'un d'eux d'entrer trois fois
dans votre maison, pour vendre du poisson à votre cuisinière. N'en con-
cluez pas toutefois que le Maragato soit un grand séducteur. Sévère
sur l'article des mœurs, il se marie jeune et légitimement; mais il se
marie partout, de sorte qu'il possède, parfois, une douzaine de femmes
légitimes.
Au costume, on ne saurait dire si ce flibustier d'ibérie est militaire
ou pékin, chasseur ou contrebandier, garde forestier ou garde-côte,
Espagnol ou Portugais. Les jours de travail, il se couvre la tête d'une
casquette de drap brun, montera, ornée d'un bec et d'une queue de
velours, dont la forme bizarre lui donne l'apparence d'un oiseau de
proie. Aussi fier de son cou musculeux que la fille d'un concierge,
devenue grande dame, peut l'être de ses belles robes et de ses mains
blanches, le Maragato croirait déroger en portant une cravate. Il se
couvre d'une veste de drap brun, d'une cuirasse de peau de buffle
appelée peto, évasée sur la poitrine pour qu'une chemise blanche bien
plissée, bordée de laine noire, apparaisse avec avantage. Sa culotte,
serrée à la ceinture, moyennant une coulisse, s'élargit jusqu'au genou
et s'y attache par une autre coulisse, tandis que ses jambes sont vêtues
de bas tricotés avec de la laine en suint, et de guêtres matérielles sans
sous-pieds, qui, couvrant à peine les oreilles du soulier, contournent le
mollet jusqu'aux culottes. Complétez cet accoutrement d'une ceinture
de buffle large d'environ cinquante centimètres et serrée avec une boucle
 
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