VOYAGE EN ESPAGNE.
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dragon, et que les fabricants préféraient le séjour de Tolède à tout
autre séjour, en raison de la qualité des eaux et de la terre d'alluvion
du Tage, regardées comme très-convenables pour la trempe de l'acier.
L'établissement des ateliers de Barcelone, de Séville et de Yalladolid,
est postérieur de bien des années à celui de Tolède, et jamais ils
n'ontjoui de la même réputation, surtout en ce qui concerne les armes
blanches.
A voir l'Armeria, décrit d'une manière si conciencieuse par el ercm°
senor don José Marin Marquesi, on dirait qu'un champ clos va s'ouvrir,
qu'une lutte se prépare entre les Castillans et les Maures, dont les ar-
mures, les harnais de guerre sont étalés dans une vaste salle, comme
s'il ne s'agissait que de s'en revêtir , et que, pour assister à cette lutte,
les plus vaillants capitaines, les rois les plus chevaleresques, depuis le
Cid jusqu'à François Ier, depuis François Ier jusqu'à Murat, eussent d'a¬
vance envoyé là leur costume de bataille, ou tout au moins leur casque et
leur épée. Des équipements indigènes et mauresques y paraissent au
grand complet. Nous avons remarqué des casques, des cuirasses, des
brassards, niellés, ciselés avec une délicatesse infinie, et des selles bro-
dées, étincelantes d'or et d'argent. Quelques pièces présentent des formes
très-élégantes, une ornementation bizarre, mais en général d'assez bon
goût. Par malheur, les noms, les dates manquent à cette collection,
comme à presque toutes les collections espagnoles. On pourrait encore
suppléer aux dates moyennant l'étude du faire, mais les noms, les
noms historiques surtout, forment une lacune bien regrettable. Ici,
l'ordre n'est même qu'apparent; des pièces d'armures réunies sous un
seul numéro appartiennent quelquefois à des âges fort éloignés les uns
des autres.
Parmi ces armures, il s'en trouve de magnifiques ayant appartenu
certainement à des kalifs et présentant gravés des versets du Coran; il
en est d'autres qui portent le nom du Cid, Rui Diaz de Vibar, El Cam-
peador; cle don Jaime Ier d'Aragon; d'Isabelle-!a-Catholique; de Bernard
de Carpio; de l'empereur Charles-Quint; de Fernand Cortès; du fameux
duc d'Albe; du roi Philippe II, etc. Nous croyons volontiers aux attri-
butions qui portent sur des objets du seizième siècle, mais nos doutes
grandissent à proportion de l'éloignement des époques. Ainsi, malgré la
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dragon, et que les fabricants préféraient le séjour de Tolède à tout
autre séjour, en raison de la qualité des eaux et de la terre d'alluvion
du Tage, regardées comme très-convenables pour la trempe de l'acier.
L'établissement des ateliers de Barcelone, de Séville et de Yalladolid,
est postérieur de bien des années à celui de Tolède, et jamais ils
n'ontjoui de la même réputation, surtout en ce qui concerne les armes
blanches.
A voir l'Armeria, décrit d'une manière si conciencieuse par el ercm°
senor don José Marin Marquesi, on dirait qu'un champ clos va s'ouvrir,
qu'une lutte se prépare entre les Castillans et les Maures, dont les ar-
mures, les harnais de guerre sont étalés dans une vaste salle, comme
s'il ne s'agissait que de s'en revêtir , et que, pour assister à cette lutte,
les plus vaillants capitaines, les rois les plus chevaleresques, depuis le
Cid jusqu'à François Ier, depuis François Ier jusqu'à Murat, eussent d'a¬
vance envoyé là leur costume de bataille, ou tout au moins leur casque et
leur épée. Des équipements indigènes et mauresques y paraissent au
grand complet. Nous avons remarqué des casques, des cuirasses, des
brassards, niellés, ciselés avec une délicatesse infinie, et des selles bro-
dées, étincelantes d'or et d'argent. Quelques pièces présentent des formes
très-élégantes, une ornementation bizarre, mais en général d'assez bon
goût. Par malheur, les noms, les dates manquent à cette collection,
comme à presque toutes les collections espagnoles. On pourrait encore
suppléer aux dates moyennant l'étude du faire, mais les noms, les
noms historiques surtout, forment une lacune bien regrettable. Ici,
l'ordre n'est même qu'apparent; des pièces d'armures réunies sous un
seul numéro appartiennent quelquefois à des âges fort éloignés les uns
des autres.
Parmi ces armures, il s'en trouve de magnifiques ayant appartenu
certainement à des kalifs et présentant gravés des versets du Coran; il
en est d'autres qui portent le nom du Cid, Rui Diaz de Vibar, El Cam-
peador; cle don Jaime Ier d'Aragon; d'Isabelle-!a-Catholique; de Bernard
de Carpio; de l'empereur Charles-Quint; de Fernand Cortès; du fameux
duc d'Albe; du roi Philippe II, etc. Nous croyons volontiers aux attri-
butions qui portent sur des objets du seizième siècle, mais nos doutes
grandissent à proportion de l'éloignement des époques. Ainsi, malgré la