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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0340

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VOYAGE EN ESPAGNE.
naît, dans la collection entomologique, la patience intelligente du jeune
Édouard Carreno, enlevé prématurément aux sciences qu'il eût cul-
tivées avec succès. Une inscription votive consacre sa mémoire. Il est
une salle remplie par l'anatomie comparée; une autre par les osse-
ments et les coquilles fossiles. Dans cette dernière salle se trouve, entre
autres objets d'une grande rareté, le mégathérium americanum ou
giganteum de Cuvier, quadrupède énorme découvert en 1789, à une
profondeur considérable, non loin de Buenos-Ayres. Ce curieux con-
temporain du dernier déluge, recueilli avec soin par le marquis de
Loretto, gouverneur vice-roi de la province, monté sous la direction
intelligente du professeur Bru, qui en a donné la description à la fin
du siècle dernier, étudié de nos jours successivement par Cuvier, par
MM. Pander et d'Alton, et par le docteur Clift, n'existe plus seul
comme un être égaré d'outre-monde; on a trouvé d'autres animaux
semblables sur les rives de la Plata. Ce témoin d'un âge où l'homme
n'existait point encore est d'une taille prodigieuse; il a le volume d'un
éléphant d'Asie, mais une hauteur moins prononcée. Les particula-
rités les plus remarquables de sa structure sont celle-ci : tête petite et
allongée; dents molaires en petit nombre, très-grosses et cannelées
longitudinalement; point d'autres dents; col flexible et long; côtes
énormes; queue qui gagne le jarret; membres très-robustes; doigts
bien prononcés, armés d'ongles crochus qu'enserrent des gaines os-
seuses; talon faisant saillie aux membres postérieurs. « Le volume des
os de ce personnage mystérieux, devant lequel M. le docteur Menière
est resté comme nous en contemplation plus d'une heure, les énormes
saillies que l'on aperçoit de toutes parts et qui indiquent l'attache de
muscles immenses, tout contribue à prouver qu'il était doué d'une
force prodigieuse. Mais quel était son genre de vie? Évidemment il
n'appartenait point à la classe des animaux carnassiers, car s'il porte
des ongles de tigre, il a les dents d'un éléphant, et il faut en conclure
qu'il se nourrissait de végétaux, probablement de racines. Ses griffes
servaient à fouir, à démêler ceux des aliments qui lui convenaient le
mieux. On le range dans la famille des tatous; quelques naturalistes
lui donnent une cuirasse composée de grandes écailles, et don Damasio
de Harranaga, curé de Montevideo, qui avait assisté aux fouilles pri-
 
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