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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0347

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LITTÉBATI HE DRAMATIQUE.
rue, afin d'y réaliser les soulèvements et les tempêtes qu'on lui a pré-
sentés comme les sublimités de l'histoire. Il est donc du devoir d'une
administration sage, de surveiller avec attention les spectacles, et de ne
point laisser tourner à la dégradation de l'espèce humaine un enseigne-
ment qui peut lui devenir si profitable.
En France, la liberté du théâtre a produit le drame du boulevard,
les pièces en sept, neuf, quinze tableaux, les macédoines sans unité de
lieu, sans unité de temps, sans unité de caractères; la censure, au con-
traire, nous a donné le Cid, Athalie, Mérope, le Misanthrope, le Tar-
tufe, le Légataire universel, etc. En Espagne, depuis le dix-septième
siècle jusqu'au dix-neuvième, la censure a produit les mêmes effets.
Nous avons vu, parmi les richesses bibliographiques de M. le duc
d'Ossuna, beaucoup de comédies manuscrites signées des censeurs, et
portant des témoignages autographes que le public a souvent confirmés;
Lope de Véga, Calderon, loin de comprimer l'essor de leurs émules, le
favorisaient au contraire dès qu'ils croyaient reconnaître un véritable
talent. C'est ainsi que Lope de Véga Carpio déclare, sans hésiter, que
certaines pièces de François Gabriel Tellez, plus connu sous le pseudo-
nyme de Tirzo de Molina et du docteur Alira de Amescua, mériteront
de nouveaux applaudissements à leurs auteurs. Nous avons tenu ces
précieux manuscrits, décorés de la grosse écriture du judicieux Lope de
Véga, qui, satisfait de l'ensemble, s'est bien gardé de garrotter le génie
par une critique pointilleuse. Ainsi feront sans doute les censeurs
actuels ; leurs noms garantissent la droiture de leurs intentions.
L'origine du théâtre espagnol remonte au douzième siècle. Vers cette
époque, les deux versants pyrénéens parlaient la langue d'oc; une bande
de trouvères, poêles ambulants, faméliques, composaient des fabliaux,
des complaintes, des histoires héroïques ou des romances d'amour qu'ils
récitaient ou chantaient par les rues, sur les places, à l'intérieur des rési-
dences seigneuriales. Comme ils faisaient des gambades et des grimaces,
le peuple les appela bufones; mais bientôt mille désordres ayant fait in-
terdire à cette classe d'histrions l'accès dans les bonnes maisons, d'autres
poètes plus polis, plus instruits, nommés juglares, jongleurs, rempla-
cèrent les bouffons. Aux jongleurs, dont le règne dura peut-être un
demi-siècle, se substitua un troisième genre deeompositeurs, musiciens,
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