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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0392

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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fois chez Velâzquez à la vigueur du coloris, à l'expression profonde d'un
sentiment. Certaines parties de cette toile ne sont même qu'indiquées.
C'est une débauche d'esprit chez l'artiste, débauche sublime, mais en-
fin débauche. Ses Forges de Vulcain, vantées si démesurément, ne jus-
tifient pas non plus l'exagération d'éloges qu'elles ont produite. Ce
Vulcain n'a point de dignité; cet Apollon n'offre nullement le charme de
la séduction. Il faut qu'une femme comme Vénus ait été bien capricieuse,
bien fantasque pour l'aimer. Le Vulcain de Velâzquez apparaît comme
un simple forgeron, ni plus ni moins distingué que ses compagnons de
travail, et le dieu du jour comme un mortel de la plus grande vulgarité.
La Vue d'une fontaine de l'île du château royal d'Aranjuez, vue
pleine d'harmonie, d'air et de profondeur, nous semble une fort belle
chose, quoique les voyageurs n'en disent mot. Il y a de la poésie dans
les ombres et dans l'eau. Il ne faut pas y chercher une vérité absolue,
tangible. Le maître ne voulait produire que du beau idéal, et son pin-
ceau l'a rendu de la manière la plus heureuse. Cette œuvre (145) a
pour pendant une Vue de l'arc triomphal de Titus (118), paysage où
la profondeur, la perspective et la poésie se marient de la façon la plus
heureuse.
Nous ne pouvons donner trop d'éloges à une autre toile du même
peintre, l'une de ses compositions les plus belles et les plus exactes.
Là, ce n'est point de l'idéal, c'est au contraire la nature prise sur le fait ,
la nature parlante: dans le tableau de las Meninas (155), d'une dimen-
sion de trois mètres et demi en hauteur et de trois mètres en largeur,
Velâzquez a voulu représenter toute la famille royale réunie, et s'est
placé lui-même au fond de l'appartement. Sa physionomie ne porte pas
plus de quarante années.
Dans ses tableaux d'église, dans ses sujets pieux, j'en appelle à l'Ado-
ration des Mages (167), Velâzquez n'atteint point le degré de perfection
auquel il parvient dans certains paysages ou dans ses vues d'intérieur.
Son génie original n'y apparaît guère que sous les traits des person-
nages; encore ne réussit-il jamais à faire une Vierge sentimentale et
naïve, un Christ empreint de résignation divine.
La spontanéité de Velâzquez, la puissance énergique avec laquelle il
s'empare de d'espace, la hardiesse de ses contours éclatent dans plu-
 
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