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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0467

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ANDALOUSIE. 409

rencontrai M. Passavant, avec qui je vais continuer mon voyage jus-
qu'à Paris.
M. Passavant, artiste peintre, littérateur, et de plus homme de
goût, directeur du musée de Francfort, est un vieillard de soixante-
quatre ans, âme antique, honnête dans ses mœurs, dans ses tableaux,
dans ses livres; qui a parcouru l'Europe presque entière, vu toutes les
capitales, tous les musées; qui a vécu sept années à Rome, et qui
devient aujourd'hui, pour l'Allemagne, l'arbitre, le pondérateur de la
réputation acquise par les vieux maîtres. Il a fait un livre très-remar-
quable sur Raphaël, dont la traduction française paraîtra bientôt; il
termine, en ce moment, une histoire de la gravure jusqu'au seizième
siècle, qui ne peut manquer d'obtenir le succès le plus légitime, et,
comme faveur dernière, il demande au ciel assez d'années encore pour
publier les matériaux qu'il a réunis sur Léonard de Vinci, les frères
Van-Eyck et Albert Durer. L'étude de l'art nous faisant voyager tous
deux, nous nous sommes bien vite entendus. M. Passavant avait sur
moi l'avantage de l'érudition et d'une étude attentive, minutieuse des
maîtres; tandis que j'avais le privilège de manier un peu mieux la
langue espagnole et celui de quelque instruction classique. Dès lors,
notre bagage intellectuel fut en commun, et, pendant plus de six se-
maines, nous ne fîmes guère d'exploration l'un sans l'autre.
Avant de quitter Ocaîia, le touriste devra visiter le lavadero, lavoir
public, afin d'y faire la connaissance des blanchisseuses, dont les ma-
nières sont fort originales; le militaire parcourra la plaine qui sépare
la ville du champ de bataille de los Barros, où le maréchal Soult, secondé
si puissamment par le comte Gérard, battit, à la tète de vingt-cinq
mille Français, cinquante-cinq mille Espagnols.
En approchant de la Guardia, bourg de cinq mille habitants, jeté
comme à l'aventure contre une chaîne de rochers, je me crus au milieu
des Bédouins du désert ou dans quelque plaine de la Syrie; j'aperçus
des trous creusés au-devant de la colline; des portes massives, ser-
vant à la fois de fenêtre et de cheminée, fermant ces habitations plus
dignes des chacals que des hommes; je vis des groupes de femmes aux
jupons bleus et verts qu'on eût prises pour des Hollandaises si leurs
traits n'avaient révélé le type arabe; je remarquai des paysans culti-
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