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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0554

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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qui soutint un rude siège contre les Français en 1812, et en arri-
vant sur le pont, ce matin, j'ai aperçu la masse blanche des maisons de
Castellon de la Plana. Nous sommes en face des îles Colombrètes, petit
groupe qui sert d'asile aux pêcheurs, quand le temps devient mauvais.
Nous marchons bien, le temps est superbe, la mer unie comme une
glace, et à sept heures nous sommes par le travers de Murviedro. Cette
ville, qui a été hàtie sur les ruines de l'ancienne Sagonte, est riche de
beaux débris d'antiquités romaines que j'aurais été heureux de par-
courir, mais le bateau marche, emportant avec lui mes souvenirs des
catastrophes anciennes et modernes qui ont presque anéanti cette ville
intéressante. Ici encore, la guerre a fait rage, toutes les villes du lit-
toral ont été assiégées successivement par le corps d'armée que com-
mandait le maréchal Sucliet, et succombèrent aux savantes attaques
des généraux Rogniat, Haxo, et autres. Mais laissons-là le génie et
l'artillerie; contentons-nous de la bonne nature qui fleurit encore sur
les ruines qu'entassent les hommes.
Le golfe de Valence décrit une courbe assez profonde; nous arri-
vons au Grao à huit heures et demie. Nous débarquons aussitôt, et
nous montons dans une tartane, sorte de voiture non suspendue, petit
omnibus contenant six ou huit personnes assises de côté. L'équipage
est rustique, mais le cheval vigoureux nous emporte trottant sur une
belle route qui conduit à Valence.
Le Grao, où nous sommes débarqués, forme le port de Valence. Cette
ville est à une petite lieue de la mer, et la route qui y conduit,
si elle n'est pas bonne, est du moins fort belle. Une double rangée
d'arbres magnifiques fournit un ombrage épais dont on sent le prix
dans cette saison. L'orage de la nuit dernière a délayé la poussière, il
y a de la boue, les ornières sont profondes, mais notre tartane ne s'ar-
rête pas pour si peu. Nous traversons au grand trot une plaine fertile,
abondamment couverte de vignes, de maïs, d'oliviers, de pastèques et
de légumes de la plus belle apparence. C'est là ce que l'on nomme la
huerta de Valence, jardin charmant où un sol que rien n'épuise répond
toujours aux soins du cultivateur. Le colonus quamvis avidus ne peut
pas se plaindre; un terrain d'alluvion abondamment arrosé fournit
des récoltes perpétuelles, dont les produits sont excellents. Ici le labou-
 
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