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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0569

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RIVE MÉDITERRANÉENNE.
prétexte pour faire de la musique qui n'était pas excellente. A cette
époque, je ràclais la chanterelle d'un mauvais violon, j'écorchais la
guitare si chère à tout bon Espagnol, et je ne chantais pas trop mal. Il
n'était pas difficile de trouver des virtuoses de ma force, et peu de bal-
cons étaient à l'abri de nos joyeuses sérénades. »
Tout en jasant ainsi, nous étions arrivés sur la jetée du Grao.
Nous montâmes dans des barques pour regagner notre beau Phénicien.
La mer est très-agitée; la tempête d'hier n'a eu qu'un moment de
répit, et le vent souffle avec une violence extrême. Nous sommes
ballottés par des lames furieuses; il a fallu bien des efforts pour at-
teindre le navire.
A sept heures, on lève l'ancre; nous gagnons le large, l'ouragan
arrive avec toute sa fureur; il vient de l'ouest, et retarde notre
marche : le tonnerre éclate à chaque instant, et plusieurs fois j'ai pu
constater un phénomène nouveau pour moi. Un immense éclair sil-
lonne la nue qui nous recouvre; une lame de feu se précipite dans la
mer, à peu de distance de notre bateau, et, au même instant, j'entends
un bruit tout à fait semblable à celui d'un coup de pistolet. C'est une
petite explosion subite, sans prolongation, sans écho, absolument
comme si l'on eût tiré un coup de pistolet ordinaire. Le capitaine, qui a
été témoin de ce fait un grand nombre de fois, dit que c'est la foudre
qui tombe dans la mer, et que cela indique la proximité du phéno-
mène. Après avoir employé beaucoup de temps à regarder les di-
verses phases de la tempête contre laquelle nous luttons, je prends le
parti d'aller me coucher; mes compagnons de voyage et presque tous
les passagers sont un peu malades; je n'en excepte qu'un gros Anglais
dont j'aurai occasion de parler plus tard : certaine belle dame est aux
abois; sa cabine retentit de plaintes et de soupirs indiquant sa souf-
france.
Le 27, au matin, nous sommes en face de Villajoyosa, et, si nous ne
longions pas la côte de si près, nous pourrions apercevoir Iviza, la plus
petite des îles Baléares. Le cap Saint-Martin, un peu au-dessous de
Denia, forme la pointe la plus avancée du royaume de Valence; de là
à Iviza il n'y a pas plus de quinze lieues.
Nous apercevons, dans les terres, une chaîne de montagnes fort éle-
 
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