Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0572

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
VOYAGE EN ESPAGNE.

490
postelle; c'est l'œuvre de quelques pèlerins inconnus qui reçurent
l'hospitalité dans ce lieu l'an 1540.
J'ai déjà remarqué à Barcelone et à Valence que les tombeaux sont
assez rares dans les églises : sous ce rapport, l'Espagne et l'Italie
diffèrent essentiellement. La cathédrale d'Alicante ne m'a pas offert
vingt pierres tumulaires. Le pavé de cette église est en belles dalles de
pierres dures. Il y a peu de tableaux et tous sont mauvais. Les statues
sont plus nombreuses, mais horriblement mauvaises. Le Christ en croix,
maigre, décharné, ensanglanté, est en outre, revêtu d'une sorte de
jupon court qui enveloppe la partie moyenne du corps; cela ressemble
aux jupes des garçons boulangers ou brasseurs, et rien n'est moins
pittoresque. La Madone est richement vêtue; ses robes sont couvertes
de dentelles, de lames d'argent, et sa mantille est parfaitement posée.
J'ai aperçu plusieurs martyrs dans un état effrayant. La tête de l'un
est fendue par un énorme coutelas qui est resté dans la plaie; l'autre a
les bras et les jambes à moitié détachés, le sang ruisselle de toutes
parts; celui-ci est brûlé vif et fait des gestes en rapport avec son sup-
plice; celui-là est écorché de la tête aux pieds; une malheureuse femme,
que je rencontre partout, a eu les deux seins amputés; sa poitrine
mutilée me fait horreur. 11 paraît que les Espagnols s'accommodent
de ces représentations dramatiques qui nous seraient insupportables.
L'alameda d'Alicante est fort jolie, plantée de beaux arbres, entourée
de belles maisons construites en larges pierres calcaires à coquilles.
Ces énormes blocs sont bien taillés, leur grain est assez fin, mais je
les crois facilement attaqués par les causes extérieures, sous l'in-
fluence desquels ils se délitent. J'ai vu de belles façades modernes
usées par l'air et le soleil, plus promptement que cela n'arrive à Paris
par le froid et l'humidité. Je recommande tout particulièrement la fon-
taine Santa-Maria, monument d'un effet très-pittoresque.
Alicante, qui était le Lucentum des Romains, m'a semblé un fort
triste séjour; les montagnes qui lui forment une ceinture grise et
sèche n'ont rien de récréatif; l'on dit que la campagne est très-aride.
C'est sur ce sol pierreux que croissent les vignes qui fournissent un
raisin délicieux que l'on fait sécher en ce moment au soleil; on ne le
presse, pour en retirer le suc, que quand la plus grande partie de son
 
Annotationen