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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0577

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RIVE MÉDITERRANÉENNE. 495
cette vaste ceinture de montagnes qui entoure la baie, et qui est cou-
verte, sur tous les points saillants, de murs crénelés, de fortins et de
redoutes. On voit que l'on a protégé Carthagène contre les attaques
par terre aussi bien que par mer.
Enfin je débarque et me voici sur un quai très-large, bordé par
une muraille armée de gros canons. La porte de mer, belle et monu-
mentale, est double ; les sentinelles vous font prendre la droite, ce qui
est une bonne coutume. La droite est pour ceux qui entrent en ville,
la gauche pour ceux qui sortent; de cette façon, l'on évite les ren-
contres; je voudrais que l'on fit partout de même. Je commence
aussitôt mes courses; j'arpente la grande rue qui traverse la ville d'un
bout à l'autre, et j'arrive ainsi à une porte fortifiée, bastionnée, ample-
ment pourvue de grosse artillerie. Je remarque qu'au delà des fos-
sés, la campagne parait absolument déserte. Je n'ai jamais vu de
changement aussi brusque, aussi complet; on se croirait dans l'inté-
rieur de l'Afrique, aussi je plains sincèrement quelques arriéras qui vont
s'enfoncer dans cette solitude où un soleil brûlant étouffe même le chant
de la cigale.
J'ai trouvé à Carthagène une alaméda fort poudreuse qui ne vaut
pas celle de Valence. Puis nous avons fait notre visite à l'amiral com-
mandant du port, afin d'obtenir le laisser-passer nécessaire pour
parcourir ce grand établissement. Je parlais tout à l'heure du désert
qui règne autour de Carthagène, mais je n'avais pas remarqué celui
qu'on trouve dans la ville, et plus particulièrement dans l'arsenal.
Un gros concierge et quelques soldats gardent la grande porte, qui
est monumentale et couverte à la fois d'armoiries royales et d'em-
blèmes militaires. Notre droit de passe dûment vérifié, on nous aban-
donna aux hasards de la promenade, et nous voilà parcourant de vastes
cours dans lesquelles il y a complète absence d'ouvriers. Une multi-
tude de hangars couverts renferment des objets d'armement pour les
vaisseaux, il y a la corderie, le magasin des poulies, des ancres, puis
des canons, des caronades, et beaucoup d'objets analogues; mais tout
cela est en petit nombre, vieux, usé, rouillé. L'on découvre facile-
ment, au milieu de ces grandes salles, que la vie manque à l'établis-
sement : ce matériel si rare ne sert pas, ces magasins sont déserts ou
 
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