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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0603

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RIVE MÉDITERRANÉENNE. 519
fixe. Il y a pour la piété des dates, des échéances. On sait ce que cela
rapporte.
La grande rue de Gibraltar n'est pavée qu'en quelques endroits; le
reste est macadamisé; ce qui ne préserve ni de la poussière ni de la
boue. Nous avons suivi cette voie jusqu'à l'extrémité, puis nous avons
franchi une porte fortifiée, puis nous sommes arrivés à l'alameda, qui
est superbe. Il y a des arbres magnifiques, donnant un ombrage déli-
cieux. Un espace considérable réservé aux cavaliers était plein de
jeunes officiers caracolant à l'envi sur ce cours si bien disposé pour les
exercices équestres. Il faut convenir qu'un jeune gentleman à cheval
a une tournure particulière; on sent que l'homme est maître du qua-
drupède; son aisance est parfaite, sinon sa grâce, et l'on voit que le
jeune insulaire est bien véritablement homme-cheval, centaure,
ceci soit dit en bonne part. Nos meilleurs écuyers peuvent à peine sou-
tenir la comparaison avec ces casse-cou incarnés, ces maquignons en-
ragés, et je les en félicite.
En continuant notre promenade, nous serions arrivés à la pointe
d'Europe, mais l'inclémence d'un ciel d'airain nous a interdit cette
visite. Une bonne calèche eût été nécessaire pour suppléer nos jam-
bes. De loin, nous avons entendu une musique un peu dure, entre-
mêlée de fanfares et de cris; on nous a dit qu'il s'agissait de je ne sais
quelle fête, ou d'une politesse adressée par le gouverneur à un officier
général; le Gocl save the king nous a prouvé que c'était de la mu-
sique anglaise. Il ne faut pas disputer des goûts, mais je préfère, le
croira-t-on? la musique italienne.
L'endroit où nous sommes en ce moment est littéralement couvert
de canons en batterie. Il y en a plusieurs étages, je n'ai jamais vu une
telle profusion de moyens défensifs. Sur cette langue de terre qui s'a¬
vance au delà de la pointe du rocher, tout un arsenal est entassé. On
m'a dit que ce luxe de protection était le résultat d'une bonne plaisan-
terie que je veux consigner ici. Un officier du génie français, se trou-
vant à Gibraltar, se fit un malin plaisir de dire tout haut, dans un
banquet, que cette fameuse forteresse, réputée imprenable, avait un
côté faible, un point vulnérable, et que tout chef d'escadre un peu
énergique pourrait, dans une matinée, jeter cinq à six mille hommes de
 
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