Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0152

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
120

VOYAGE EN ESPAGNE.

Deux autres églises, décorées de sculptures intéressantes, San Pablo
et San Miguel, méritent aussi d'être vues.
Soixante-cinq mille habitants, une garnison, un archevêché qui
date de 1318, des institutions scientifiques et littéraires, une académie
des beaux-arts, et tous les avantages que possèdent les capitales pro-
vinciales, permettraient à Saragosse de rivaliser d'importance avec
les premiers centres de population du royaume, si des routes suffi-
santes la liaient à eux, et si l'achèvement de son canal la rendait,
comme elle le sera plus tard, l'entrepôt des provinces septentrionales
d'Espagne pour les provinces de l'Atlantique et de la Méditerranée.
Autrefois, dans Saragosse, des idées d'art, de science, de poésie et
d'amour galant s'entremêlaient, de la manière la plus heureuse, aux
idées dévotes; le célèbre Antonio Agostino, arclievêque de Tarragone,
que le président de Thou considérait comme la lumière de l'Espagne
et le prince des juriconsultes, cheminait côte à côte avec les peintres
Pedro de Aponte, Thomas Pelegret et le sculpteur Damien Forment;
les Garcia Santa Maria, les Geronimo Zurita, les Argensola, compo-
saient une série d'annales urbaines où se reflète le mouvement intel-
lectuel aragonais; les ateliers typographiques de Mathieu Flandrus et
de Paulus Hurus, le plus célèbre imprimeur de Saragossse, étaient
des points de réunion pour les beaux esprits du temps et pour les
puristes qui pâlissent devant une virgule ou qui se pâment d'aise en
découvrant une faute. Cervantès, assuré de trouver dans la capitale de
1'Aragon des émules dignes de lui, vint y disputer le prix de la
poésie et remporter une couronne qui lui valut la basse jalousie d'Avel-
landa. Plus tard, il y envoya son héros, don Quichotte, assister, non
pas aux luttes de la gaie science, mais aux joûtes du harnais.
C'est de Saragosse que sont issus J. Calderon, le premier éditeur
des chroniques apocryphes de Flavius Lucius; le jésuite missionnaire
F. Combes, qui vivaient tous deux dans le dix-septième siècle, et le fa-
meux marquis de Villéna. C'est là qu'ont brillé, vers la même époque,
les Antonio Galceran, les Geronimo de Mora, les Francisco Ximénès,
derniers disciples d'une école célèbre dont Ramon Torrente, Guillen
Fort et Bonant de Ortiga avaient été successivement les chefs depuis
la fin du treizième siècle.
 
Annotationen