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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0160

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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ment le lendemain matin, ce qui eût produit une énorme explosion,
calculée pour achever de jeter la consternation parmi les assiégés; mais
ceux-ci n'attendirent pas davantage. Vers quatre heures après midi, la
junte de Saragosse ayant envoyé une députation au maréchal Lannes,
pour traiter de la capitulation, à l'instant le feu cessa de part et d'autre.
Le maréchal exigea que la ville se rendit à discrétion. Le 21, les Français
occupèrent tous les postes; la garnison défila hors de la place et mit bas
les armes devant l'armée victorieuse.
« Ainsi se termina un des sièges les plus mémorables qu'on puisse
lire dans l'histoire ancienne et moderne, après cinquante-deux jours de
tranchée ouverte, dont vingt-neuf pour entrer dans la place, et vingt-
trois autres de combats de maison en maison. On trouva dans la partie
de la ville qui venait de capituler cent treize bouches à feu , non com-
prises les soixante bouches tombées, pendant le siège, au pouvoir des
Français.
« La ville entière présentait le spectacle le plus hideux : des maisons
cribléesparlesboulets, écrasées parlesbombes, ouvertes par des explosions
de mines; d'autres encore fumantes; des cadavres en putréfaction dans
toutes les rues, encombrant les cours, les escaliers, ou à demi-cachés
sous les ruines; les rues barrées par des décombres ou des traverses; la
malpropreté, l'air infecté, la misère, l'entassement de plus de cent mille
individus dans une ville qui n'en contenait ordinairement que quarante-
cinq mille; les privations inséparables d'un long siège; tous ces fléaux
produisirent une affreuse épidémie, qui consumait alors ce que la guerre
avait épargné. Au milieu des ruines et des cadavres dont les rues étaient
jonchées, 011 voyait errer quelques habitants, pâles, décharnés, prêts à
suivre bientôt les morts qu'ils n'avaient plus la force d'enterrer. D'après le
tableau des recensements faits avant et après ce siège extraordinaire, il
est constant que cinquante mille individus de tout âge et de tout sexe,
c'est-à-dire les deux tiers de la garnison et la moitié des habitants ou
réfugiés, avaient péri dans le cours d'une terrible lutte de cinquante
jours de durée. La garnison, qui venait de défiler devant l'armée fran-
çaise, comptait à peine six mille hommes.
« Le 24 février, toute l'armée française prit les armes; les généraux
et les états-majors furent trouver le duc de Montebello à son quartier
 
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