170 VOYAGE EN ESPAGNE,
population augmente d'une manière notable; elle n'a guère moins de
vingt mille âmes.
GIRONE.
En suivant le littoral, on rencontre Arenys de Mar, Cabella, Tordera,
Blanis, petites villes riantes, animées, dont presque tous les hommes
sont pêcheurs ou marins, et dont les femmes tricotent ou fabriquent de
la dentelle; puis on atteint Girone, ville guerrière, située sur le versant
d'une montagne escarpée, au confluent du Ter et de l'0ha. Deux forts la
défendent, et des ruines amoncelées sur son territoire attestent les luttes
de la France avec l'Espagne. Le dernier siège qu'elle soutint dura dix-
neuf mois. Il fallut, pour que Girone se rendît, qu'elle eût sept brèches
à ses murailles, et que sa garnison fût réduite de quatorze mille à
quatre mille. Les Français perdirent au moins quinze mille hommes.
Girone n'est ni beau, ni commerçant, ni bien peuplé, car on y compte à
peine huit mille habitants. L'ancien couvent des capucins possède un
bain mauresque d'une délicatesse architecturale remarquable. C'est un
pavillon fort léger qui a pour base un stylobate octangulaire. — La
collégiale de Saint-Félix (San-Féliu), ancienne forteresse, flanquée de dix
tours polygonales, incrustée de bas-reliefs romains,, remplie d'inscrip-
tions du moyen âge, contient les restes de san Narciso et de san Féliu.
Le tombeau de ce dernier paraît être du quatrième siècle, époque où il
mourut. — La cathédrale, reconstruite en 1316, hissée sur un plateau
très-élevé auquel conduisent quatre-vingt-six marches, se compose d'une
seule nef. On y voit des figures émaillées et des sculptures du onzième
siècle. Les tombeaux de Ramon de Berenguer II et de sa femme Erme-
sendis datent de 1058. La sacristie renferme encore quelques richesses,
et la bibliothèque chapitrale des manuscrits dignes d'intérêt.
Le triangle militaire formé par Girone, Roses et Figuières, existait déjà
du temps des Romains. Le temple de Vénus, d'où les prêtresses n'avaient
qu'à tendre la main pour recevoir leur divinité sortant du sein des flots,
n'empêchait pas Mars et Neptune de commander souverainement dans
Roses. A Figuières régnait Hercule. La citadelle, bien qu'elle soit d'é¬
rection récente, semble vouloir y perpétuer son souvenir. Cette superbe
population augmente d'une manière notable; elle n'a guère moins de
vingt mille âmes.
GIRONE.
En suivant le littoral, on rencontre Arenys de Mar, Cabella, Tordera,
Blanis, petites villes riantes, animées, dont presque tous les hommes
sont pêcheurs ou marins, et dont les femmes tricotent ou fabriquent de
la dentelle; puis on atteint Girone, ville guerrière, située sur le versant
d'une montagne escarpée, au confluent du Ter et de l'0ha. Deux forts la
défendent, et des ruines amoncelées sur son territoire attestent les luttes
de la France avec l'Espagne. Le dernier siège qu'elle soutint dura dix-
neuf mois. Il fallut, pour que Girone se rendît, qu'elle eût sept brèches
à ses murailles, et que sa garnison fût réduite de quatorze mille à
quatre mille. Les Français perdirent au moins quinze mille hommes.
Girone n'est ni beau, ni commerçant, ni bien peuplé, car on y compte à
peine huit mille habitants. L'ancien couvent des capucins possède un
bain mauresque d'une délicatesse architecturale remarquable. C'est un
pavillon fort léger qui a pour base un stylobate octangulaire. — La
collégiale de Saint-Félix (San-Féliu), ancienne forteresse, flanquée de dix
tours polygonales, incrustée de bas-reliefs romains,, remplie d'inscrip-
tions du moyen âge, contient les restes de san Narciso et de san Féliu.
Le tombeau de ce dernier paraît être du quatrième siècle, époque où il
mourut. — La cathédrale, reconstruite en 1316, hissée sur un plateau
très-élevé auquel conduisent quatre-vingt-six marches, se compose d'une
seule nef. On y voit des figures émaillées et des sculptures du onzième
siècle. Les tombeaux de Ramon de Berenguer II et de sa femme Erme-
sendis datent de 1058. La sacristie renferme encore quelques richesses,
et la bibliothèque chapitrale des manuscrits dignes d'intérêt.
Le triangle militaire formé par Girone, Roses et Figuières, existait déjà
du temps des Romains. Le temple de Vénus, d'où les prêtresses n'avaient
qu'à tendre la main pour recevoir leur divinité sortant du sein des flots,
n'empêchait pas Mars et Neptune de commander souverainement dans
Roses. A Figuières régnait Hercule. La citadelle, bien qu'elle soit d'é¬
rection récente, semble vouloir y perpétuer son souvenir. Cette superbe