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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0217

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CATALOGNE.

179

Nous quittâmes la grande route à Martorell pour suivre, vers la
droite, le sentier sinueux qui contourne les flancs de la montagne.
Après nous être arrêté dans l'église d'Esparraguera, qui possède au-
jourd'hui la Vierge miraculeuse, nous prîmes une direction nord-ouest,
et bientôt nous fûmes au pied du Mont-Serrat.
Figurez-vous un groupe de cônes cylindriques immenses, séparés
les uns des autres, et posés sur une base solide de rochers élevés à plus
de mille mètres au-dessus du sol ; rochers dont les déchirures, dentées
comme une scie, ont eu lieu, dit la légende, au moment où les Juifs
crucifiaient Notre-Seigneur. Sa composition géologique est du calcaire
de différentes couleurs, avec du quartz blanc veiné de rouge : quelques
grès, qui se lient au calcaire inférieur, forment une espèce de poud-
ding. Le plateau intermédiaire est composé de pierres poreuses, rou-
geâtres, disposées par couches horizontales, plongeant de l'est à l'ouest.
La disposition extérieure n'est pas la seule singularité de cette mon-
tagne; il semblerait que le mineur a pénétré dans ses flancs pour s'y
creuser, en sens divers, de vastes souterrains qui forment de belles
grottes ornées de stalactites. Partout où l'action de l'homme n'a point
emporté la terre végétale, cette montagne déploie la plus magnifique
végétation; on y compte au moins cinq cents espèces de plantes que la
nature semble avoir semées avec profusion; les buis surtout sont très-
beaux. De leur bois les moines faisaient des cuillers, qu'ils vendaient
aux pèlerins pour faciliter leur digestion, pour empêcher qu'aucun
aliment ne pût nuire à la santé. La montagne présente huit ou dix
lieues de circonférence à sa base, et, depuis leur pied jusqu'à leur som-
met) les roches coniques n'ont pas moins de quarante à cinquante mètres
d'élévation. Plus on monte, plus le panorama grandit : quand on atteint
la dernière surface, l'œil embrasse la ligne ondulée des monts pyré-
néens, une partie de la Catalogne et la mer jusqu'aux Baléares.
Il s'en faut que le monastère occupe cette liante région; situé sur
une espèce d'esplanade, il s'abrite à l'ombre d'une roche immense qui
commande la vallée profonde où coule le Llobrégat. Autrefois les étran-
gers et les pèlerins étaient reçus par les moines avec une hospitalité
vraiment noble et placés dans un corps de logis séparé. Aujourd'hui la
réforme a fait disparaître, avec les religieux, tous les sujets d'émotion
 
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