LES PYRÉNÉES. 5
soit qu'elle ait adopté les formes françaises de nos provinces méridio-
nales, soit qu'elle ait pris les formes castillanes.
Avec une semblable organisation , le goût de la population basque
pour les courses de jeunes taureaux, corridas de novillos, pour le jeu
de paume, la pelota , ou celui de la bille , et pour la danse, n'étonnera
personne. Hommes et femmes font des parties de bille ou de pelote; on
se défie de village à village, et chacun, aux jours de fête, lutte d'adresse
comme on lutte de constance et de valeur dans les travaux et dans les
combats. La danse s'exécute tantôt au son de la petite flûte accom-
pagnée du tambourin, tantôt à l'aide de la guitare et des castagnettes;
le plus souvent au son de la voix des spectateurs et au bruit régulier
des danseurs, qui marquent la mesure en frappant du talon contre terre
et en faisant claquer leurs doigts.
Des mœurs pures, un patriotisme local énergique, une raison peu
commune, une droiture admirable distinguent le peuple basque entre
tous les peuples de l'Espagne, quoique sous certains rapports plusieurs
de ces peuples s'en rapprochent. Jamais, excepté pendant la guerre, les
provinces vascongades n'ont été aux prises avec les voleurs. Chaque fois
que la guerre cesse, les voleurs disparaissent comme des importations
étrangères.
Les Basques s'aiment, se recherchent et s'entr'aident. Ils n'ont d'am-
bition que pour le bien général; ils ne briguent pas les emplois publics
et les évitent quand ils sentent n'y plus être utiles. En 1841, aux cor-
t'es, on agitait la question de restreindre les libertés du pays vascon-
gade; le ministère d'alors, dans un but louable, voulait ramener chaque
province espagnole au système d'unité, but vers lequel on marche de-
puis trois siècles, et qu'on aura bien de la peine d'atteindre : le projet
ministériel allait passer; une imposante majorité se dessinait pour lui,
lorsque tout à coup, du milieu des cortès, s'élève une voix inconnue,
voix grave et sonore, qui, produisant des raisons puissantes avec le
calme qu'inspire la conviction, lutte seule contre le torrent niveleur de
l'opinion, et remporte la victoire la plus complète, la plus inattendue.
Homme modeste, Olano de Peschiera, n'a parlé qu'une seule fois, et s'est
empressé, dès qu'il l'a pu, de regagner son modeste domicile, heureux,
mais non pas lier d'un devoir dignement accompli. Ce trait seul carac-
soit qu'elle ait adopté les formes françaises de nos provinces méridio-
nales, soit qu'elle ait pris les formes castillanes.
Avec une semblable organisation , le goût de la population basque
pour les courses de jeunes taureaux, corridas de novillos, pour le jeu
de paume, la pelota , ou celui de la bille , et pour la danse, n'étonnera
personne. Hommes et femmes font des parties de bille ou de pelote; on
se défie de village à village, et chacun, aux jours de fête, lutte d'adresse
comme on lutte de constance et de valeur dans les travaux et dans les
combats. La danse s'exécute tantôt au son de la petite flûte accom-
pagnée du tambourin, tantôt à l'aide de la guitare et des castagnettes;
le plus souvent au son de la voix des spectateurs et au bruit régulier
des danseurs, qui marquent la mesure en frappant du talon contre terre
et en faisant claquer leurs doigts.
Des mœurs pures, un patriotisme local énergique, une raison peu
commune, une droiture admirable distinguent le peuple basque entre
tous les peuples de l'Espagne, quoique sous certains rapports plusieurs
de ces peuples s'en rapprochent. Jamais, excepté pendant la guerre, les
provinces vascongades n'ont été aux prises avec les voleurs. Chaque fois
que la guerre cesse, les voleurs disparaissent comme des importations
étrangères.
Les Basques s'aiment, se recherchent et s'entr'aident. Ils n'ont d'am-
bition que pour le bien général; ils ne briguent pas les emplois publics
et les évitent quand ils sentent n'y plus être utiles. En 1841, aux cor-
t'es, on agitait la question de restreindre les libertés du pays vascon-
gade; le ministère d'alors, dans un but louable, voulait ramener chaque
province espagnole au système d'unité, but vers lequel on marche de-
puis trois siècles, et qu'on aura bien de la peine d'atteindre : le projet
ministériel allait passer; une imposante majorité se dessinait pour lui,
lorsque tout à coup, du milieu des cortès, s'élève une voix inconnue,
voix grave et sonore, qui, produisant des raisons puissantes avec le
calme qu'inspire la conviction, lutte seule contre le torrent niveleur de
l'opinion, et remporte la victoire la plus complète, la plus inattendue.
Homme modeste, Olano de Peschiera, n'a parlé qu'une seule fois, et s'est
empressé, dès qu'il l'a pu, de regagner son modeste domicile, heureux,
mais non pas lier d'un devoir dignement accompli. Ce trait seul carac-