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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0319

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LES NUITS D'ESPAGNE.
formalités appelées par le monde des précautions nécessaires, agravent
cruellement le malheur des victimes. Ils comprennent que les deniers
qui leur sont donnés par la charité publique sont la propriété des mal-
heureux, et non la leur. Aussi les pauvres femmes que la misère ou
l'erreur conduit à la maison du péché mortel y sont-elles reçues avec
bienveillance, sans curiosité; personne ne demande leur nom, ni celui
de leur séducteur; et, en sortant, un certificat leur sera remis avec
leur signalement, certificat qui ouvrira les portes de la maison pater-
nelle, où, grâce aux mœurs du pays et au respect qu'inspire la pieuse
confrérie, nul reproche, nul mauvais traitement ne les attend. Quel père
oserait être plus cruel pour son enfant que ne l'ont été les étrangers?
Comment ne pas s'incliner devant les douces et consolantes paroles que
porte le certificat? « Les frères, dit la formule, supplient le père et la
mère du porteur de ne point oublier que Dieu a pardonné à leur en-
fant, et qu'elle est digne de pitié et de consolation. » Malheur au
père de famille qui, malgré cette douce invitation , maltraiterait sa
fille : ce père passerait aux yeux de tous pour un misérable sans re-
ligion et sans entrailles. Bientôt, semblable aux parias, il se trou-
verait isolé au milieu du monde, car lui, faible mortel, aurait été
plus exigeant que Dieu!... » Ce récit, emprunté à l'Espagne pitto-
resque, artistique et monumentale, dépeint, sous des couleurs vraies,
un asile d'espérance, un système de mansuétude chrétienne bien di-
gnes de nous faire aimer la religion qui les inspire et les soutient.
Au milieu des débordements, des crimes de la nuit, on est heureux
de voir les confrères du péché mortel suivre latéralement les rues,
sillonner les places, les promenades, une lanterne à la main droite,
une aumônière de l'autre; aumônière et lanterne sur lesquelles se
trouve gravée l'ancre du salut, le symbole de la prévoyance. Aujour-
d'hui, les grands seigneurs ne quêtent plus; mais ils s'inscrivent, don-
nent et protègent.
Le Prado, les places et les principales rues de Madrid sont éclairés
au gaz. Il en est de même dans les grandes villes comme Séville, Cadix,
Barcelone. Malheureusement, c'est presque toujours avec trop de parci-
monie. Hâtons-nous d'ajouter qu'en Espagne le manque d'éclairage n'a
pas, à beaucoup près, les inconvénients qu'il présente en France où la
 
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