VOYAGE EN ESPAGNE.
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la manière suivante : Hoy se saca anima, aujourd'hui ou retire une
âme.
Le jour de la Toussaint , les personnes pieuses portent des cierges
allumés sur la tombe de leurs parents, attendu qu'albrs, dit le vulgaire,
toutes les âmes font une procession, et qu'elles ne peuvent y assister
qu'autant qu'elles sont munies d'une lumière. On voit même des gens
crédules parer la couche d'honneur de la maison et la laisser vide,
pour qu'elle serve au délassement des âmes errantes.
Bienréduit de ce qu'il était jadis, surtout depuis la loi du 29 juillet 1837
qui confisque les biens de l'Église au profit de l'État, et celle du 26 mai
1845, qui classe tout le personnel ecclésiastique, le clergé d'Espagne se
trouve dans une condition presque semblable à celle du clergé de France.
Il se divise en huit archevêchés, Tolède, Burgos, Grenade, Santiago, Sé-
ville, Tarragone, Valence et Saragosse; cinquante-un évêchés, soixante
et une cathédrales et cent quatorze collégiales ayant une juridiction pres-
que épiscopale. Les évêchés comprennent des paroisses de trois classes
différentes. Les tribunaux de la Rote et de l'Inquisition; les maisons reli-
gieuses qui ne sont pas royales, ou qui ne sont pas consacrées aux soins
des malades, à l'instruction des pauvres, n'existent plus; et les revenus
des maisons conservées subissent un examen administratif. Chaque
diocèse possède son séminaire, mais les études y sont très-médiocres.
Nous avons rencontré, surtout dans les campagnes, passablement de
prêtres ne comprenant pas le latin , sachant mal l'espagnol et prêchant
en patois du pays. Néanmoins, il est peu de chapitres, peu d'établisse-
ments d'instruction où ne se trouvent quelques ecclésiastiques instruits.
En vingt localités différentes nous avons vu percer, sous leur robe sévère
et sous leur sombrero si démesurément long, un naturel aimable; tou-
jours, par exemple, nous nous rappellerons avec plaisir le respectable
doyen du chapitre archiépiscopal de Séville, don Ceperan, littérateur,
agronome, publiciste, homme de goût, digne d'habiter la maison où
mourut le célèbre Murillo, car il apprécie fort bien ses œuvres; nous
nous garderons bien d'oublier aussi don Ramon, bibliothécaire provin-
cial de Tolède, et le savant bibliothécaire de l'Escorial, à qui nous avait
recommandé don Genaro Ferez à Villa-Ami!.
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la manière suivante : Hoy se saca anima, aujourd'hui ou retire une
âme.
Le jour de la Toussaint , les personnes pieuses portent des cierges
allumés sur la tombe de leurs parents, attendu qu'albrs, dit le vulgaire,
toutes les âmes font une procession, et qu'elles ne peuvent y assister
qu'autant qu'elles sont munies d'une lumière. On voit même des gens
crédules parer la couche d'honneur de la maison et la laisser vide,
pour qu'elle serve au délassement des âmes errantes.
Bienréduit de ce qu'il était jadis, surtout depuis la loi du 29 juillet 1837
qui confisque les biens de l'Église au profit de l'État, et celle du 26 mai
1845, qui classe tout le personnel ecclésiastique, le clergé d'Espagne se
trouve dans une condition presque semblable à celle du clergé de France.
Il se divise en huit archevêchés, Tolède, Burgos, Grenade, Santiago, Sé-
ville, Tarragone, Valence et Saragosse; cinquante-un évêchés, soixante
et une cathédrales et cent quatorze collégiales ayant une juridiction pres-
que épiscopale. Les évêchés comprennent des paroisses de trois classes
différentes. Les tribunaux de la Rote et de l'Inquisition; les maisons reli-
gieuses qui ne sont pas royales, ou qui ne sont pas consacrées aux soins
des malades, à l'instruction des pauvres, n'existent plus; et les revenus
des maisons conservées subissent un examen administratif. Chaque
diocèse possède son séminaire, mais les études y sont très-médiocres.
Nous avons rencontré, surtout dans les campagnes, passablement de
prêtres ne comprenant pas le latin , sachant mal l'espagnol et prêchant
en patois du pays. Néanmoins, il est peu de chapitres, peu d'établisse-
ments d'instruction où ne se trouvent quelques ecclésiastiques instruits.
En vingt localités différentes nous avons vu percer, sous leur robe sévère
et sous leur sombrero si démesurément long, un naturel aimable; tou-
jours, par exemple, nous nous rappellerons avec plaisir le respectable
doyen du chapitre archiépiscopal de Séville, don Ceperan, littérateur,
agronome, publiciste, homme de goût, digne d'habiter la maison où
mourut le célèbre Murillo, car il apprécie fort bien ses œuvres; nous
nous garderons bien d'oublier aussi don Ramon, bibliothécaire provin-
cial de Tolède, et le savant bibliothécaire de l'Escorial, à qui nous avait
recommandé don Genaro Ferez à Villa-Ami!.