VOYAGE EN ESPAGNE.
328
thédrale d'Astorga, un retable dont les principaux sujets, la Pieta, l'As-
cension, le couronnement de la Santissima, furent exécutés en 1569,
par Becerra, élève de Michel-Ange; dans la capilla Santa-Anna de la
cathédrale de Badajoz, des épisodes relatifs au Christ et à la Vierge, par
Luis de Morales, sculpteur de la même ville; au transcoro de la cathé-
drale de Léon, des groupes analogues exécutés par Berruguète; en
Navarre, à Cascante, un chef-d'œuvre de finesse et de vigueur, un re-
table sculpté en 1596, par Pedro Gonzalès de San-Pedro et par Am-
brosio de Vengotheo. Il nous serait facile d'en citer d'autres, de Damart
Gallegos, Sanctis de Castro, Pietro Villegar, etc., mais ils sont d'un
mérite inférieur à ceux que nous plaçons en première ligne.
Ce fut dans le même style qu'un siècle après, quand déjàl'art s'en allait,
Hernandez anima du sentiment ibérique ses Vierges imitées des vestales
romaines; et qu'Alonzo Cano dota Grenade, sa patrie, ainsi que plusieurs
autres villes, de groupes, de figures et de figurines, chez lesquels
rayonne véritablement la foi la plus vive.
Architecte, peintre, sculpteur, et de plus chanoine du chapitre de
Grenade, Alonzo Cano s'est pénétré du texte des Évangiles, des Pères de
l'Église et des légendes; son intelligence a vécu d'une vie d'ascétisme,
son imagination rêveuse a parcouru quelques régions découvertes na-
guère par le Giotto et par Cimabué, et la Vierge est venue s'offrir à lui
avec l'idéalisme qu'inspire une croyance dans sa naïveté rudimentaire.
L'Annonciation, la Conception, la Nativité, la Présentation, la Visita-
tion, la Purification, l'Assomption que l'on voit sculptées dans la capilla
mayor de la cathédrale de Grenade; la Trinidad peinte sur toile dans
une chapelle latérale; dans la sacristie, une Conception; dans l'Orato-
rio, une Vierge avec l'Enfant et une autre Vierge; d'exquises miniatures
sculptées et peintes par le même artiste donnent ici la mesure profonde
de son âme et les proportions de son talent. Les Vierges, les saints, les
saintes qu'il a créés ont fait école; mais une distance considérable existe
entre ses œuvres et celles de ses élèves, qui, malheureusement, se sont
substitués au maître dans une partie des œuvres que nous venons de
signaler.
Voici venir Murillo, le peintre des Vierges : d'abord indécis entre ses
impressions d'enfance et l'autorité des modèles italiens qu'il a sous les
328
thédrale d'Astorga, un retable dont les principaux sujets, la Pieta, l'As-
cension, le couronnement de la Santissima, furent exécutés en 1569,
par Becerra, élève de Michel-Ange; dans la capilla Santa-Anna de la
cathédrale de Badajoz, des épisodes relatifs au Christ et à la Vierge, par
Luis de Morales, sculpteur de la même ville; au transcoro de la cathé-
drale de Léon, des groupes analogues exécutés par Berruguète; en
Navarre, à Cascante, un chef-d'œuvre de finesse et de vigueur, un re-
table sculpté en 1596, par Pedro Gonzalès de San-Pedro et par Am-
brosio de Vengotheo. Il nous serait facile d'en citer d'autres, de Damart
Gallegos, Sanctis de Castro, Pietro Villegar, etc., mais ils sont d'un
mérite inférieur à ceux que nous plaçons en première ligne.
Ce fut dans le même style qu'un siècle après, quand déjàl'art s'en allait,
Hernandez anima du sentiment ibérique ses Vierges imitées des vestales
romaines; et qu'Alonzo Cano dota Grenade, sa patrie, ainsi que plusieurs
autres villes, de groupes, de figures et de figurines, chez lesquels
rayonne véritablement la foi la plus vive.
Architecte, peintre, sculpteur, et de plus chanoine du chapitre de
Grenade, Alonzo Cano s'est pénétré du texte des Évangiles, des Pères de
l'Église et des légendes; son intelligence a vécu d'une vie d'ascétisme,
son imagination rêveuse a parcouru quelques régions découvertes na-
guère par le Giotto et par Cimabué, et la Vierge est venue s'offrir à lui
avec l'idéalisme qu'inspire une croyance dans sa naïveté rudimentaire.
L'Annonciation, la Conception, la Nativité, la Présentation, la Visita-
tion, la Purification, l'Assomption que l'on voit sculptées dans la capilla
mayor de la cathédrale de Grenade; la Trinidad peinte sur toile dans
une chapelle latérale; dans la sacristie, une Conception; dans l'Orato-
rio, une Vierge avec l'Enfant et une autre Vierge; d'exquises miniatures
sculptées et peintes par le même artiste donnent ici la mesure profonde
de son âme et les proportions de son talent. Les Vierges, les saints, les
saintes qu'il a créés ont fait école; mais une distance considérable existe
entre ses œuvres et celles de ses élèves, qui, malheureusement, se sont
substitués au maître dans une partie des œuvres que nous venons de
signaler.
Voici venir Murillo, le peintre des Vierges : d'abord indécis entre ses
impressions d'enfance et l'autorité des modèles italiens qu'il a sous les