III
VILLES ANCIENNES DE L'ESPAGNE.
Je vous dirai, montrant à votre vue amie
La ville morte auprès de la ville endormie,
Laquelle dort le mieux!
Victor Hugo, Feuilles d'automne.
Villes phéniciennes. — Villes carthaginoises. — Villes phocéennes. — Villes romaines. — Villes césa-
riennes.— Italica, patrie de Trajan, d'Adrien et de Théodose. — Destinée de toutes ces villes. — Villes
des Goths. — Villes des Arabes. — Villes espagnoles du moyen âge. — Leurs transformations suc?
cessives.
Après l'Orient, nulle terre au monde ne présente plus que l'Espagne
l'image des vicissitudes humaines. Où sont ces villes majestueuses, res-
plendissantes au soleil , espèces de cités-navires sorties de l'Océan sous
le pavillon phénicien , et qu'un jour l'Océan aura repris comme un pa-
trimoine légitime ? Qui nous dira la destinée des villes grecques, filles
de Tyr ou de quelque autre métropole, enchâssées dans la côte maritime
comme les diamants d'un grand diadème, et disparues certain jour, sans
laisser derrière elles autre chose qu'un souvenir vague et confus? Elles
s'appelaient Gades, Rhodoz, Mataro, Illiberis, Sagonte, Malaga, So-
tabis, dénominations originelles restées écrites, non pas seulement sur
la pierre, mais aussi sur les visages de la population riveraine.
Quand l'orgueilleuse Carthage enjamba l'Europe, elle eut pour stations
d'avant-garde différentes villes, les unes déjà célèbres, les autres écloses
au souffle qu'elle exhalait de rivage en rivage. On vit alors Almaden,
Lérida, Hénippa1, Villafranca del Panades; on vit sur le littoral
Barcelone, fondée par Amilcar; Carthagène, par Asdrubal, et quelques
1 Aujourd'hui Alcalà de Guadaira.
VILLES ANCIENNES DE L'ESPAGNE.
Je vous dirai, montrant à votre vue amie
La ville morte auprès de la ville endormie,
Laquelle dort le mieux!
Victor Hugo, Feuilles d'automne.
Villes phéniciennes. — Villes carthaginoises. — Villes phocéennes. — Villes romaines. — Villes césa-
riennes.— Italica, patrie de Trajan, d'Adrien et de Théodose. — Destinée de toutes ces villes. — Villes
des Goths. — Villes des Arabes. — Villes espagnoles du moyen âge. — Leurs transformations suc?
cessives.
Après l'Orient, nulle terre au monde ne présente plus que l'Espagne
l'image des vicissitudes humaines. Où sont ces villes majestueuses, res-
plendissantes au soleil , espèces de cités-navires sorties de l'Océan sous
le pavillon phénicien , et qu'un jour l'Océan aura repris comme un pa-
trimoine légitime ? Qui nous dira la destinée des villes grecques, filles
de Tyr ou de quelque autre métropole, enchâssées dans la côte maritime
comme les diamants d'un grand diadème, et disparues certain jour, sans
laisser derrière elles autre chose qu'un souvenir vague et confus? Elles
s'appelaient Gades, Rhodoz, Mataro, Illiberis, Sagonte, Malaga, So-
tabis, dénominations originelles restées écrites, non pas seulement sur
la pierre, mais aussi sur les visages de la population riveraine.
Quand l'orgueilleuse Carthage enjamba l'Europe, elle eut pour stations
d'avant-garde différentes villes, les unes déjà célèbres, les autres écloses
au souffle qu'elle exhalait de rivage en rivage. On vit alors Almaden,
Lérida, Hénippa1, Villafranca del Panades; on vit sur le littoral
Barcelone, fondée par Amilcar; Carthagène, par Asdrubal, et quelques
1 Aujourd'hui Alcalà de Guadaira.