VILLES ANCIENNES D'ESPAGNE. 23
autres cités maritimes. L'Osca des Cantabres, la Salduba des Celtibé-
riens, la Galagurris Nasica, aussi célèbre que Numançe; 1 Oméba des
Phocéens, la tyrienne Sotabis, ne semblent qu'endormies sous l'herbe,
car chaque fois que la trompette guerrière a sonné, de toutes les issues
des villes qui les remplacent et qui se nomment aujourd'hui Jaca,
Saragoza, Calahorra, Huelva, San Felipe, sont sortis des milliers d'in-
trépides défenseurs. Leurs annales restent cachées; c'est à peine si de
rares médailles, si des sculptures grossières révèlent quelques faits et
quelques dates.
Voici les champs de bataille de Rome, les sables où furent écrits tant de
noms glorieux que les vents du désert ont si vite affacés. Là marchaient
les cohortes victorieuses d'Annibal qui, stationnant sur les rives du Llo-
bregat, y construisit, 525 années avant J.-C., en l'honneur de son frère
Amilcar, l'arc triomphal situé à l'une des extrémités du port de Martorell.
Ailleurs est mort un général célèbre du nom de Scipion, et le mot per-
pétua, le seul qui se lise distinctement sur cette couche funèbre, nous
donne l'exacte mesure de la perpétuité de nos gloires.
En regard d'une seule ville, Pompeiopolis, Pampelune, rappelant le
souvenir du grand Pompée, presque effacé de la carte des Espagnes, se
présentent vingt autres villes qui reconnaissent pour fondateur César
ou sa postérité, et qui, décorées du nom d'Augustales ou de Juliennes,
semblent de la famille impériale: l'alerta Augusta, Emerita Augusta,
Turris Julia, Asturica Augusta, aujourd'hui Jativa, Mérida, Trujillo,
Astorga, etc. Quelques-unes, comme Saragosse, n'ont point hésité d'é¬
changer leur ancien nom, Salduba, contre la dénomination césarienne
Cesarea Augusta, et le baptême du grand peuple s'est substitué de la
sorte au baptême des peuples antérieurs. Gades (Cadiz), Portas Albus
(Algeciras), Portus Magnus (Denia), Carthagena, Barcelona, Tarragona,
Pianum (Almeria) servirent, comme jadis, de point de liaison entre la
Péninsule et le reste du monde; Jaca, Lérida, Zaragoza, Cordoue (Cor-
doba), Toledo, Ecija (Astigi), Sevilla (Hispalis,, formèrent des points
retranchés, des camps fortifiés, des observatoires militaires, vaste ré-
seau défensif où l'on ne saurait voir aujourd'hui lequel des trois muni-
cipes d'Ecija, de Séville et de Cordoue, primait les deux autres en im-
portance.
autres cités maritimes. L'Osca des Cantabres, la Salduba des Celtibé-
riens, la Galagurris Nasica, aussi célèbre que Numançe; 1 Oméba des
Phocéens, la tyrienne Sotabis, ne semblent qu'endormies sous l'herbe,
car chaque fois que la trompette guerrière a sonné, de toutes les issues
des villes qui les remplacent et qui se nomment aujourd'hui Jaca,
Saragoza, Calahorra, Huelva, San Felipe, sont sortis des milliers d'in-
trépides défenseurs. Leurs annales restent cachées; c'est à peine si de
rares médailles, si des sculptures grossières révèlent quelques faits et
quelques dates.
Voici les champs de bataille de Rome, les sables où furent écrits tant de
noms glorieux que les vents du désert ont si vite affacés. Là marchaient
les cohortes victorieuses d'Annibal qui, stationnant sur les rives du Llo-
bregat, y construisit, 525 années avant J.-C., en l'honneur de son frère
Amilcar, l'arc triomphal situé à l'une des extrémités du port de Martorell.
Ailleurs est mort un général célèbre du nom de Scipion, et le mot per-
pétua, le seul qui se lise distinctement sur cette couche funèbre, nous
donne l'exacte mesure de la perpétuité de nos gloires.
En regard d'une seule ville, Pompeiopolis, Pampelune, rappelant le
souvenir du grand Pompée, presque effacé de la carte des Espagnes, se
présentent vingt autres villes qui reconnaissent pour fondateur César
ou sa postérité, et qui, décorées du nom d'Augustales ou de Juliennes,
semblent de la famille impériale: l'alerta Augusta, Emerita Augusta,
Turris Julia, Asturica Augusta, aujourd'hui Jativa, Mérida, Trujillo,
Astorga, etc. Quelques-unes, comme Saragosse, n'ont point hésité d'é¬
changer leur ancien nom, Salduba, contre la dénomination césarienne
Cesarea Augusta, et le baptême du grand peuple s'est substitué de la
sorte au baptême des peuples antérieurs. Gades (Cadiz), Portas Albus
(Algeciras), Portus Magnus (Denia), Carthagena, Barcelona, Tarragona,
Pianum (Almeria) servirent, comme jadis, de point de liaison entre la
Péninsule et le reste du monde; Jaca, Lérida, Zaragoza, Cordoue (Cor-
doba), Toledo, Ecija (Astigi), Sevilla (Hispalis,, formèrent des points
retranchés, des camps fortifiés, des observatoires militaires, vaste ré-
seau défensif où l'on ne saurait voir aujourd'hui lequel des trois muni-
cipes d'Ecija, de Séville et de Cordoue, primait les deux autres en im-
portance.