396 VOYAGE EN ESPAGNE.
Pour un militaire, après l'étude du site et des fortifications de
Tolède, ville admirablement située sous le rapport de la stratégie,
l'étude la plus importante serait celle de la fabrique d'armes blanches
dont les martinets fonctionnent assez bien, et qui fournit de sabres,
de baïonnettes et d'épées tous les arsenaux du royaume; puis viendrait
l'examen de l'École militaire des cadets, le Saint-Cyr de l'Espagne.
Trois cent quarante élèves, tous destinés à l'infanterie, s'y trouvent ras-
semblés. Leur temps scolaire, y compris les six mois d'application ou
d'épreuves, comprend trois années. La limite d'âge est de quatorze à dix-
sept ans. L'enseignement offre la plus grande analogie avec celui de
Saint-Cyr; mais le régime, les habitudes sont plus bourgeoises, moins
militaires que dans nos écoles françaises. Nous en avons fait l'obser-
vation au colonel, M. Jean-Népomucène Servert, qui nous a répondu
qu'effectivement ce reproche était juste, et qu'eu face des exigences de
famille, de l'action du climat, il fallait se relâcher d'une discipline qu'on
ne pourrait maintenir comme dans le Nord.
L'école se trouvait naguère à Madrid. Depuis 1844, elle occupe à
Tolède l'ancien couvent de Santa-Cruz, fondé par le cardinal Men-
doza, et d'autres dépendances qui présentent l'inconvénient de dissé-
miner les diverses parties du service, de perdre beaucoup de temps
en allées et venues, et de ne point offrir une place assez grande pour
les manœuvres. L'église monastique formait une immense croix grec-
que. La portion qui en reste sert au gymnase. Le portail, d'une con-
struction originale, plus bizarre qu'élégante, présente des détails
charmants. Nous avons assisté pendant trois heures aux divers exer-
cices des élèves, à leur dîner, parcouru leurs salles, leurs dortoirs, vu
tout en détail, accompagnés du colonel Servert et du commandant
Placide Reig, militaires instruits autant qu'aimables. Le colonel, d'ori-
gine germanique, s'exprime aussi bien en français qu'en allemand et
en espagnol. Le sort des élèves nous a semblé fort heureux et leur
instruction graduée d'une manière convenable. Ils possèdent un théâ-
tre sur lequel ils s'exercent dans l'art de bien dire, en jouant chaque
année des tragédies ou de bonnes comédies. Les élèves, à moins de cas
exceptionnels très-rares, ne s'absentent jamais de l'établissement pen-
dant la durée des cours. Tous y passent leurs vacances.
Pour un militaire, après l'étude du site et des fortifications de
Tolède, ville admirablement située sous le rapport de la stratégie,
l'étude la plus importante serait celle de la fabrique d'armes blanches
dont les martinets fonctionnent assez bien, et qui fournit de sabres,
de baïonnettes et d'épées tous les arsenaux du royaume; puis viendrait
l'examen de l'École militaire des cadets, le Saint-Cyr de l'Espagne.
Trois cent quarante élèves, tous destinés à l'infanterie, s'y trouvent ras-
semblés. Leur temps scolaire, y compris les six mois d'application ou
d'épreuves, comprend trois années. La limite d'âge est de quatorze à dix-
sept ans. L'enseignement offre la plus grande analogie avec celui de
Saint-Cyr; mais le régime, les habitudes sont plus bourgeoises, moins
militaires que dans nos écoles françaises. Nous en avons fait l'obser-
vation au colonel, M. Jean-Népomucène Servert, qui nous a répondu
qu'effectivement ce reproche était juste, et qu'eu face des exigences de
famille, de l'action du climat, il fallait se relâcher d'une discipline qu'on
ne pourrait maintenir comme dans le Nord.
L'école se trouvait naguère à Madrid. Depuis 1844, elle occupe à
Tolède l'ancien couvent de Santa-Cruz, fondé par le cardinal Men-
doza, et d'autres dépendances qui présentent l'inconvénient de dissé-
miner les diverses parties du service, de perdre beaucoup de temps
en allées et venues, et de ne point offrir une place assez grande pour
les manœuvres. L'église monastique formait une immense croix grec-
que. La portion qui en reste sert au gymnase. Le portail, d'une con-
struction originale, plus bizarre qu'élégante, présente des détails
charmants. Nous avons assisté pendant trois heures aux divers exer-
cices des élèves, à leur dîner, parcouru leurs salles, leurs dortoirs, vu
tout en détail, accompagnés du colonel Servert et du commandant
Placide Reig, militaires instruits autant qu'aimables. Le colonel, d'ori-
gine germanique, s'exprime aussi bien en français qu'en allemand et
en espagnol. Le sort des élèves nous a semblé fort heureux et leur
instruction graduée d'une manière convenable. Ils possèdent un théâ-
tre sur lequel ils s'exercent dans l'art de bien dire, en jouant chaque
année des tragédies ou de bonnes comédies. Les élèves, à moins de cas
exceptionnels très-rares, ne s'absentent jamais de l'établissement pen-
dant la durée des cours. Tous y passent leurs vacances.