GRENADE.
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supporter des pampres gigantesques dont les vrilles s'enroulent et se con-
fondent avec les formes architecturales; au bord des chemins, le long
des rues, l'aloès, le figuier s'ouvrent en éventails qu'agitent incessam-
ment de douces brises, tandis que le palmier s'élève en parasol. Des
pertes que les Maures ont faites en Espagne, ils ne regrettent, dit-on,
que Grenade, et l'expriment chaque vendredi dans leurs prières du
soir ; mais si le sol parlait, il ne regretterait pas moins les Maures, car,
depuis eux, presque rien n'a été fait pour son embellissement ou sa
fécondation.
La ville d'autrefois possédait vingt portes : la première, celle d'El-
vire, subsiste encore; la seconde s'appelait Bibalmazar, ou porte de
la Conversation, parce qu'elle constituait une espèce de rendez-vous où
les habitants s'entretenaient de leurs affaires; la troisième, Vivarambla,
conduisait à la place fameuse qui conserve encore le même nom; la
quatrième était dite Bib-Racha, ou des Provisions; la cinquième,
Bibataubin, ou des Ermites, parce qu'elle conduisait à des solitudes
habitées par des derviches; la sixième s'appelait Bibmitre, ou Bibla-
cha, c'est-à-dire du Poisson; la septième, porte des Moulins; la hui-
tième, porte du Soleil, parce qu'elle s'ouvrait à l'orient; la neuvième,
Bib-Luxar, communiquait avec l'Alhambra; la dixième était la Bib-
Adam, ou la porte du Fils d'Adam; la onzième, la Bib-Cieda, porte de
la Noblesse; la douzième demeura longtemps fermée, et son nom ne se
prononçait qu'avec réserve, depuis que plusieurs devins avaient prédit
qu'elle servirait d'entrée aux vainqueurs de Grenade; la treizième s'ap-
pelait Faxalauza, ou porte de la colline des Amandiers; la quatorzième,
Bib-Elecée, porte du Lion; la quinzième, Alacabar, porte de la Côte;
la seizième, Bib-Albonut, ou des Bannières, aujourd'hui de la Ma-
deleine ; la dix-septième se nommait la porte du Darro; la dix-huitième,
Bib-Mosayca; la dix-neuvième est dite Ecca-Ilomo; la vingtième,
maintenant murée, avoisine l'Alhambra. C'est après avoir fouillé le
seuil, plus ou moins reconnaissable de toutes ces portes, qu'il faut
pénétrer dans la ville, visiter la Puerta-Real, ancienne villa mauresque
garnie d'azulejos et d'inscriptions; la Puerta del Pescado, bâtiment
arabe d'une façade de trois arches en fer-à-cheval ; le bain mauresque
de la calle del Banuolo; la fontaine des Larmes, Fuente de los Avel-
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supporter des pampres gigantesques dont les vrilles s'enroulent et se con-
fondent avec les formes architecturales; au bord des chemins, le long
des rues, l'aloès, le figuier s'ouvrent en éventails qu'agitent incessam-
ment de douces brises, tandis que le palmier s'élève en parasol. Des
pertes que les Maures ont faites en Espagne, ils ne regrettent, dit-on,
que Grenade, et l'expriment chaque vendredi dans leurs prières du
soir ; mais si le sol parlait, il ne regretterait pas moins les Maures, car,
depuis eux, presque rien n'a été fait pour son embellissement ou sa
fécondation.
La ville d'autrefois possédait vingt portes : la première, celle d'El-
vire, subsiste encore; la seconde s'appelait Bibalmazar, ou porte de
la Conversation, parce qu'elle constituait une espèce de rendez-vous où
les habitants s'entretenaient de leurs affaires; la troisième, Vivarambla,
conduisait à la place fameuse qui conserve encore le même nom; la
quatrième était dite Bib-Racha, ou des Provisions; la cinquième,
Bibataubin, ou des Ermites, parce qu'elle conduisait à des solitudes
habitées par des derviches; la sixième s'appelait Bibmitre, ou Bibla-
cha, c'est-à-dire du Poisson; la septième, porte des Moulins; la hui-
tième, porte du Soleil, parce qu'elle s'ouvrait à l'orient; la neuvième,
Bib-Luxar, communiquait avec l'Alhambra; la dixième était la Bib-
Adam, ou la porte du Fils d'Adam; la onzième, la Bib-Cieda, porte de
la Noblesse; la douzième demeura longtemps fermée, et son nom ne se
prononçait qu'avec réserve, depuis que plusieurs devins avaient prédit
qu'elle servirait d'entrée aux vainqueurs de Grenade; la treizième s'ap-
pelait Faxalauza, ou porte de la colline des Amandiers; la quatorzième,
Bib-Elecée, porte du Lion; la quinzième, Alacabar, porte de la Côte;
la seizième, Bib-Albonut, ou des Bannières, aujourd'hui de la Ma-
deleine ; la dix-septième se nommait la porte du Darro; la dix-huitième,
Bib-Mosayca; la dix-neuvième est dite Ecca-Ilomo; la vingtième,
maintenant murée, avoisine l'Alhambra. C'est après avoir fouillé le
seuil, plus ou moins reconnaissable de toutes ces portes, qu'il faut
pénétrer dans la ville, visiter la Puerta-Real, ancienne villa mauresque
garnie d'azulejos et d'inscriptions; la Puerta del Pescado, bâtiment
arabe d'une façade de trois arches en fer-à-cheval ; le bain mauresque
de la calle del Banuolo; la fontaine des Larmes, Fuente de los Avel-