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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0505

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GRENADE.
1res du couvent des Augustins, exécutées par Pedro Gornejo, ni
l'image miraculeuse de la patronne de Grenade, n'ont pu nous distraire
de l'enchantement de ces grandes ombres où, comme l'a si bien ex-
primé un spirituel écrivain, tout s'épanouit, tout fleurit dans un dés-
ordre touffu plein de charmants hasards. De même, en suivant le cours
pittoresque du Jénil, nous avons oublié l'Antequerula; et sur la car-
rera del Darro, peuplée, dans les matinées d'hiver et les soirées d'été, de
séduisantes Grenadines, l'idée ne nous est point venue d'accorder un
souvenir à l'infortunée Pineda dont le monument funéraire occupait
ce voisinage. Nos pores s'ouvraient au parfum des fleurs, nos oreilles
aux murmures cadencés des feuillages et des ondes, nos yeux à la
splendide coloration du ciel, aux harmonies de la nature : or, la jouis-
sance exclut la pensée. Si quelque jour un érudit, sachant que j'ai
passé trois jours dans Grenade, vient me demander des nouvelles de
telle ruine prétendue phénicienne, de telle inscription romaine ou
mauresque, je lui répondrai qu'au matin je n'avais point assez de mes
yeux pour admirer la retraite des ombres derrière la dentelure fantas-
tique de la Sierra-Nevada, quand sur elle le soleil venait semer sa
pluie d'or, d'émeraudes, de rubis et de diamants; je lui dirai que,
dans le jour, des loisirs suffisants ne m'étaient point donnés pour
savourer la fraîcheur embaumée de l'alaméda des rives du Darro, des
bosquets du Généralif; et que, le soir, je ne me lassais point d'admirer
ces contrastes variables d'ombre et de lumière qui semblent ceindre
Grenade d'une banderolle éblouissante, pailletée d'abord de mille cou-
leurs, puis devenant rose, violacée, bleuâtre, avec reflets occasionnés
parles rayons de la lune, quand elle promène sur le front neigeux des
montagnes sa clarté douteuse.
LA VEGA DE GRENADE.
Dios protegio alas que bien hicierou a
Granada '.
Proverbe.
Ou ne peut quitter Grenade sans parcourir cette fameuse plaine
d'une circonférence de cent vingt kilomètres, entourée de hauts som-
1 Dieu donne de quoi vivre dans Grenade à ceux qu'il aime.
 
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