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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0529

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SÉVILLE.

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sont disposées des banquettes et des tables pour la lecture des journaux
et la conversation; espèce de salon d'attente communiquant, d'un
côté, avec les chambres du rez-de-chaussée1; de l'autre, par un grand
escalier mauresque et par des couloirs, avec des étages supérieurs. La
salle à manger, garnie de plusieurs copies, soit de Murillo, soit de
quelque autre maître, exécutées avec certain talent, nous montra le
reflet lointain de l'école artistique que nous venions chercher; un aveu-
gle, musicien ambulant, nous dit des chansons andalouses; notre hôte,
M. Bustamente, nous fournit obligeamment toutes les indications né-
cessaires, en sorte qu'une promenade avant le dîner et une promenade
après nous eurent initié à l'aspect général de Séville; qui présente,
comme Janus, deux visages bien opposés, le visage du jour scintillant
d'une lumière tropicale, et le visage de la nuit qu'aucune teinte abso-
lument sombre ne vient attrister. Excepté dix ou douze rues très-larges,
la plupart des rues sont d'une étroitesse si grande qu'on ne pourrait
les aborder en voiture. Les maisons nouvelles sont construites avec de
larges baies; mais les vieilles maisons, conservant le type arabe, portent
le caractère d'isolement de la civilisation orientale : des lucarnes au
lieu de fenêtres; une double porte, un vestibule, un patio planté d'ar-
bustes et des galeries solitaires, d'où les femmes, par quelques ouver-
tures adroitement ménagées, peuvent apercevoir les passants et con-
naître d'avance la nature des visiteurs qui leur arrivent. Le pavé diffère
de celui des autres cités espagnoles en ce qu'il offre des dalles disposées
de telle sorte que les promeneurs peuvent y poser le pied à plat. C'était
bien le moins qu'on pût faire en faveur des Andalouses, dont le bas de
la jambe a tellement grossi cependant, depuis un demi-siècle, m'as-
sure un observateur émérite, qu'elles ont allongé leurs robes pour
conserver l'ancienne réputation d'eZ pie digno de regio tapiz, style du
Romancero. Mais à quoi donc tient cette dégénérescence? Est-ce au
mélange des races, au croisement exagéré des indigènes, ou bien à
quelque habitude locale? J'ai vu néanmoins beaucoup de femmes dont
les deux pieds tiendraient dans ma main.
En divers points, le réseau des rues s'interrompt pour aboutir à
quelque petite place sablée, plantée d'arbres et généralement arrosée
d'une fontaine monumentale. Les places plus grandes, comme celles
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