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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0607

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RIVE MÉDITERRANÉENNE. 523
Le 23 juin 1833, je me trouvais au même point qu'aujourd'hui;
l'Agathe, qui ne pouvait compter que sur le vent, franchissait le dé-
troit, mais dans le sens opposé, et alors comme maintenant, j'admirais
le grand spectacle de ce passage fameux par tant de souvenirs histo-
riques. Mais assez d'écriture pour aujourd'hui. Mes compagnons de
voyage ont pris la sage résolution de se coucher peu de temps après le
dîner; allons en faire autant, laissons le Phénicien travailler pen-
dant que nous reposons nos jambes fatiguées; nous serons demain
matin à Cadix.
J'ai toujours été partisan de la sobriété en toutes choses; j'aime la
vie tranquille, bien réglée, modérée; je ne suis pas né pour les tem-
pêtes morales ou autres; je suis économe de mes plaisirs, de mes
joies, et je hais les émotions trop vives. Cependant, mon goût pour les
voyages fait un contraste avec cette nature en équilibre, et quand je
suis sur les grandes routes, je ne me reconnais plus. Depuis quinze jours,
je vis au double; je me lève plus matin , je me couche plus tard. La
journée se consomme en courses ardentes, en travaux de tête, d'yeux et
de jambes; les impressions se produisent et se renouvellent à chaque
instant, et mon amour de la modération subit un grave échec.
Ce matin, au point du jour, je me suis hâté d'arriver sur le pont. A
bord, j'aime les scènes matinales. Notre bâtiment, qui fait escale tous
les jours, s'anime à l'aspect du nouveau qui se prépare; je jouis d'a¬
vance du spectacle qui s'apprête, j'étudie avec un vif plaisir l'en-
semble et les alentours du lieu où nous allons aborder. Cadix est une
ville assez célèbre pour que je ne perde rien de ce qui la concerne.
Arrivé sur le pont, les yeux gros de sommeil, mais l'esprit fort éveillé,
mon engourdissement physique a bientôt disparu quand j'ai aperçu le
phare qui marque la pointe extrême du continent européen de ce côté.
Notre Phénicien , qui manœuvrait pour doubler le cap, se balançait
doucement sur les grandes lames de l'Océan, je revoyais avec plaisir la
vaste mer sur laquelle j'avais déjà voyagé.
La baie, que l'on nomme le port de Cadix, est un vrai golfe, borné
d'un côté par la grande ville, qui occupe la pointe sud, et de l'autre
côté par la petite ville de Rota , à laquelle ses vins délicieux donnent
une réputation si brillante. La mer s'avance entre ces deux cités et
 
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