Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0627

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
539

VOYAGE EN PORTUGAL.
nique; régions solidaires des mêmes principes, rattachées aux mêmes
souvenirs, unies par les mêmes liens et confiant à la vapeur, messa-
gère active, l'essor de leurs pensées, le résultat de leurs travaux.
Pour compléter le Portugal, dont quatre millions d'hommes seule-
ment parlent la langue sur le continent européen, il faut le Brésil, il
faut les colonies; et encore l'étroit domaine que comporte l'usage de
cette langue crée-t-il un obstacle à la popularité des œuvres qu'elle
enfante, comme l'exiguité des fortunes en est un au développement des
beaux-arts. La jalousie, l'indifférence, double plaie qui afflige les
nations méridionales, ont comprimé l'essor artistique et littéraire des
Portugais. Quel homme de génie se résoudra d'entrer dans une carrière
d'abnégation, pour être calomnié, persécuté comme le prince Henri;
pour finir misérable comme l'amiral Pachéo, comme le Camoëns; ou
pour languir oublié, comme le peintre Glama, réduit à faire des
enseignes de cabaret ; comme le sculpteur Machado de Castro, et comme
le fondeur Costa, auteurs d'une statue équestre de Joseph Ier, digne
de rivaliser avec les plus belles œuvres du siècle dernier '? Les encou-
ragements, les récompenses sont les sauve-gardiens de l'émulation,
et l'émulation, utilisant les ressources morales d'un peuple, lui permet
d'user de ses avantages pour grandir au niveau des autres peuples.
Excepté quelques médailles, les Phéniciens, les Phocéens et les Car-
thaginois n'ont laissé, dans le Portugal, presque aucune trace de leur
occupation ou de leur passage; mais les Romains y revivent mieux
qu'en Espagne : la Fax Julia de César dort, à huit mètres de profon-
deur, au-dessous de la ville de Béja, et n'attend pour se réveiller, avec
son peuple de statues, avec ses inscriptions et ses fresques, qu'une
simple volonté du pouvoir; la Liberalitas Julia, l'Ebura de Ptolémée,
plantée comme Béja sur une éminence, dans la province d'Alentéju,
porte un double caractère, celui d'une ville grecque par son temple de
Diane, et celui d'une ville romaine par son immense aqueduc; œuvres
prodigieuses, écloses sous la main de Quintus Sertorius, qui s'en était
rendu maître quatre-vingts années avant l'ère chrétienne. L'aristocratie
de Pax Julia et de Liberalitas Julia prenait d'habitude pour résidence

1 Glama, Machado de Castro, Costa, n'ont encore trouvé place dans aucune biographie.
 
Annotationen