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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0091

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BURGOS. 63
veut pas demander davantage à chacun; et, pour leur en faire la pro-
position, il convoque les cortès.
Là se trouvait don Diègue, le plus familier de sa maison, seigneur
de Biscaye, très-honoré en Castille. C'est de lui qu'Alphonse prit con-
seil pour obtenir le subside nécessaire.
Voulant être agréable à son maître, don Diègue répondit : « Je crois,
bon roi, qu'il sera difficile de réussir. Vous, seigneur, commencez, et
je vous seconderai de mon mieux; mais ils sont si indépendants, qu'ils
ne voudront pas se soumettre à un impôt. Pour les y engager, je don-
nerai mes cinq maravédis en leur présence. »
Le roi, trouvant cet avis fort bon, n'hésita pas de proposer la chose
aux cortès, et il leur parla dans les termes suivants : « Vous savez bien,
mes chers chevaliers, tout ce que j'ai dépensé à guerroyer contre les
Mores qui sont dans notre royaume. Or, pour avoir fait ce que je vou-
lais, je me trouve très-gêné; car j'ai dépensé les trésors que mon père
avait laissés, et de ceux qu'a laissés mon aïeul il ne reste rien. Vous
avez pu voir que je ne l'ai pas dépensé là où il eût été mal employé.
Que chaque gentilhomme m'aide donc dans cette guerre, de cinq mara-
védis seulement, chaque année. Cette somme est si petite que vous
pourrez très-bien la payer sans vendre vos biens et sans vous appau-
vrir; et avec cela je gagnerai de quoi vous en récompenser généreu-
sement. » '
Alors se leva don Diègue, en sa qualité de premier familier du roi :
« Seigneur, dit-il, nous avons bien vu tout ce que vous avez dépensé;
nous savons tous fort clairement à quel point nous vous sommes à
charge. En vous aidant, en cette circonstance, nous honorerons le
royaume. Dieu vous accorde une victoire assez complète pour relever
la foi! Mes cinq maravédis, les voilà; je les donne de bon gré. »
A son tour se leva l'excellent don Nuûo de Lara : « Tu n'as point
parlé là en homme de sens et de courage, dit-il. Que Dieu ne veuille
et n'ordonne jamais qu'un gentilhomme paye un tel impôt!» Puis il
sortit du palais en ajoutant : « Que ceux qui veulent être imposés de-
meurent avec le roi, et que ceux qui veulent rester libres me suivent ! »
De trois mille qui étaient là, quatre gentilshommes seulement de-
meurèrent: l'un était don Diègue, le second un valet de chambre,
 
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