BURGOS. 71
vous reste des loisirs, les loisirs d'un jour, consacrez-les aux monas-
tères de Las Huelgas, de San Pedro et de Miraflores.
Las Huelgas, santa Maria la Réal, est une communauté de nonnes de
l'ordre de Citeaux, dont la supérieure, par ses prérogatives et ses
richesses, pouvait presque rivaliser avec les princesses souveraines, et
dont la juridiction s'étendait sur plusieurs couvents d'hommes. L'en-
ceinte crénelée du monastère, flanquée de quelques tours, présente
encore l'aspect d'une ancienne forteresse. Son architecture porte le
caractère transitoire du douzième siècle, lorsque l'ogive venait s'im-
planter sur la byzantine. Ce curieux édifice est à vingt minutes de
Burgos. On s'y rend par un chemin très-agréable, le long de la rivière
d'Arlançon, qui sépare la ville des faubourgs, et qui coule à travers
une déclivité qu'ombragent des arbres d'une belle venue.
C'est dans le monastère de San Pedro que reposent les précieux
restes du Cid et de sa femme Ximena, naturalisée si tendrement sur
notre théâtre sous le nom de Chimène. Aux pieds du noble couple se
trouve Elvira et Maria Sol, filles du Cid, mortes reines de Navarre
et d'Aragon, ainsi qu'un fils de l'illustre général, tué à la bataille de
Consuegra. Leurs quatre effigies, sculptées avec habileté, ont l'air, dit
M. Edouard Magnien, de respirer avec une expression toute particu-
lière la paix et l'inaltérable sérénité du sommeil d'outre-tombe. Tout
monument funéraire est un sujet de méditation pour l'homme le moins
sensible, car il songe à sa destinée future en se reportant à la destinée
des autres; mais quel surcroît d'émotion saisit l'âme devant l'étroit
asile occupé par le grand homme que la postérité ceint d'une auréole
de gloire ou de vertu ! 11 est à remarquer que les romances historiques
du Cid sont peut-être les seules élucubrations de la muse chevaleresque
qu'ait épargnées la verve caustique de Michel Cervantès; comme si
Cervantès eût pressenti qu'un jour le Cid seul serait appelé à partager
avec lui l'admiration exclusive des Espagnols. Effectivement, dans
cette Espagne en gloire si féconde, deux gloires antiques demeurent
seules debout, la gloire de Cervantès et la gloire du Cid. Quand les
couvents furent supprimés, les cendres de ce héros, recueillies par la
municipalité de Burgos, furent renfermées dans une urne de noyer et
déposées à l'hôtel de ville de Burgos. Nous voudrions les revoir dans.
vous reste des loisirs, les loisirs d'un jour, consacrez-les aux monas-
tères de Las Huelgas, de San Pedro et de Miraflores.
Las Huelgas, santa Maria la Réal, est une communauté de nonnes de
l'ordre de Citeaux, dont la supérieure, par ses prérogatives et ses
richesses, pouvait presque rivaliser avec les princesses souveraines, et
dont la juridiction s'étendait sur plusieurs couvents d'hommes. L'en-
ceinte crénelée du monastère, flanquée de quelques tours, présente
encore l'aspect d'une ancienne forteresse. Son architecture porte le
caractère transitoire du douzième siècle, lorsque l'ogive venait s'im-
planter sur la byzantine. Ce curieux édifice est à vingt minutes de
Burgos. On s'y rend par un chemin très-agréable, le long de la rivière
d'Arlançon, qui sépare la ville des faubourgs, et qui coule à travers
une déclivité qu'ombragent des arbres d'une belle venue.
C'est dans le monastère de San Pedro que reposent les précieux
restes du Cid et de sa femme Ximena, naturalisée si tendrement sur
notre théâtre sous le nom de Chimène. Aux pieds du noble couple se
trouve Elvira et Maria Sol, filles du Cid, mortes reines de Navarre
et d'Aragon, ainsi qu'un fils de l'illustre général, tué à la bataille de
Consuegra. Leurs quatre effigies, sculptées avec habileté, ont l'air, dit
M. Edouard Magnien, de respirer avec une expression toute particu-
lière la paix et l'inaltérable sérénité du sommeil d'outre-tombe. Tout
monument funéraire est un sujet de méditation pour l'homme le moins
sensible, car il songe à sa destinée future en se reportant à la destinée
des autres; mais quel surcroît d'émotion saisit l'âme devant l'étroit
asile occupé par le grand homme que la postérité ceint d'une auréole
de gloire ou de vertu ! 11 est à remarquer que les romances historiques
du Cid sont peut-être les seules élucubrations de la muse chevaleresque
qu'ait épargnées la verve caustique de Michel Cervantès; comme si
Cervantès eût pressenti qu'un jour le Cid seul serait appelé à partager
avec lui l'admiration exclusive des Espagnols. Effectivement, dans
cette Espagne en gloire si féconde, deux gloires antiques demeurent
seules debout, la gloire de Cervantès et la gloire du Cid. Quand les
couvents furent supprimés, les cendres de ce héros, recueillies par la
municipalité de Burgos, furent renfermées dans une urne de noyer et
déposées à l'hôtel de ville de Burgos. Nous voudrions les revoir dans.