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Nr. 1-2
DOI article:Frońska, Joanna: Supplément ou commentaire?: les enjeux de i'illustration textuelle dans le Digestum vetus de Justinien (Bibliothèque de Kórnik, ms. 824) =
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JOANNA F ROŃ SKA
/es 777773ge.s
La majorité des images marginales du D/ge^te de Kórnik est inspirée par la lecture du
texte. Pour reprendre l'expression de Mayer Schapiro, elles sont « liées aux mots » (the
word-bound images)^. Ces images ne constituent pourtant pas une chaîne continue de
scènes et de symboles correspondants à chaque paragraphe du texte, comme c'est le cas
notamment dans certaines copies du 5c7c/7^e77^p7ege/. Sans former une suite logique paral-
lèle ou complémentaire au texte, elles s'attachent aux fragments particuliers, résultant
d'un choix. Il ne s'agit donc pas d'un cycle à proprement parler. Chaque illustration cons-
titue une unité indépendante par rapport aux autres compositions, mais crée un lien fort
avec le texte et sans le texte elles seraient souvent incompréhensibles. Les questions qui se
posent concernent donc les critères du choix de la base textuelle à illustrer. Leur analyse
permettra de mieux comprendre les méthodes de la transposition du texte.
La particularité des compilations juridiques romaines, adoptée ensuite par le Moyen
Age, tient à leur structure. Les questions normatives sont y traitées à travers des exemples
concrets, connues dans la littérature juridique médiévale sous le terme des /egA. Le
met en scène un problème au moyen d'un événement concret, quoique souvent
fictif, et ensuite soumet les solutions proposées par le droit^. La description des événe-
ments, le seul élément portant la notion narrative, est alors mis en tête des commentaires
théoriques. Il les introduit en posant le problème à résoudre. Pour cela, il doit être bien
précis dans les détails qu'il révèle. Le cas rapporte un événement en se servant de la des-
cription de l'action, mais celle-ci est condensée dans une ou deux phrases. Bien qu'il ne
s'agisse pas de narration proprement dite, c'est le fragment du texte qui révèle une histoire
avec ses causes, ses conséquences et ses protagonistes. C'est à lui que l'image marginale
se réfère le plus souvent.
Parmi les représentations qui s'attachent aux cYMM-y il y a une série d'images illustrant
les accidents et les dommages mentionnés dans les deux premiers titres du livre 9, 57
pt7npe77e777 /ecA^e JA<3tur et AJ /egew Adym/mn?. Les vingt six scènes dispo-
sées dans les marges des pages 99v - 105r constituent le groupe le plus dense du manus-
crit, car presque tous les cas racontés dans cette partie du texte sont illustrés. Par exemple,
dans la marge gauche du /b/A 1 OOv, on a représenté un accident ayant lieu chez un barbier
(il. 7). L'image correspond au cité d'après Mela, et lui donne une illustration pré-
cise relevant tous les détails importants : « Cnn; p/V<3 <yt/7&7777 /uJcTrut, v<?/?e777f77T7M.y tytvA
p?7n ?7? ton-ycrA 777<37?n,y e<3777 Je/ecerA, et .y/c .yenJ <777^777 fo77.yo7- /tubebrA guA? ^A
/3recA<3 aJ/ecto cnAeAo » (D. 9, 2, 11, pr). L'image suit littérairement le texte ; elle en
retient l'essentiel. Sans définir le lieu d'action (il s'agit d'un espace ouvert, à l'extérieur),
elle se hmite aux trois personnes concernées : l'homme qui lance la balle, le barbier qui
coupe la gorge de son client et le client lui-même, assis sur un tabouret. Cette image, assez
restreinte dans sa structure, n'est pas pour autant privée d'esprit analytique. En effet, elle
visualise les circonstances de l'accident avec précision. La balle (à l'encre noire) est repré-
sentée directement sur le couteau surdimensionné du barbier. Les filets de sang en rouge
vif couvrent l'épaule de son client. Celui-ci est représenté avec un réalisme, bouche
ouverte. L'image ne s'arrête pas sur l'énumération des conséquences. Elle cherche aussi
^ Hubert DAMISCH, Crû pcintnrg nn?7, CAthyM^, 370, t. 36, 1978, p. 279.
Gabriel LE BRAS, Chartes LEFEBVRE, Jacquetine RAMBAUD, 7/40 - Z37& SoM/r&s' ^7 r/ïYcnAr
r/u JroA. 'Histoire du droit et des institutions de t'Égtise en Occident' 7, Paris, t965, p. 273.
JOANNA F ROŃ SKA
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La majorité des images marginales du D/ge^te de Kórnik est inspirée par la lecture du
texte. Pour reprendre l'expression de Mayer Schapiro, elles sont « liées aux mots » (the
word-bound images)^. Ces images ne constituent pourtant pas une chaîne continue de
scènes et de symboles correspondants à chaque paragraphe du texte, comme c'est le cas
notamment dans certaines copies du 5c7c/7^e77^p7ege/. Sans former une suite logique paral-
lèle ou complémentaire au texte, elles s'attachent aux fragments particuliers, résultant
d'un choix. Il ne s'agit donc pas d'un cycle à proprement parler. Chaque illustration cons-
titue une unité indépendante par rapport aux autres compositions, mais crée un lien fort
avec le texte et sans le texte elles seraient souvent incompréhensibles. Les questions qui se
posent concernent donc les critères du choix de la base textuelle à illustrer. Leur analyse
permettra de mieux comprendre les méthodes de la transposition du texte.
La particularité des compilations juridiques romaines, adoptée ensuite par le Moyen
Age, tient à leur structure. Les questions normatives sont y traitées à travers des exemples
concrets, connues dans la littérature juridique médiévale sous le terme des /egA. Le
met en scène un problème au moyen d'un événement concret, quoique souvent
fictif, et ensuite soumet les solutions proposées par le droit^. La description des événe-
ments, le seul élément portant la notion narrative, est alors mis en tête des commentaires
théoriques. Il les introduit en posant le problème à résoudre. Pour cela, il doit être bien
précis dans les détails qu'il révèle. Le cas rapporte un événement en se servant de la des-
cription de l'action, mais celle-ci est condensée dans une ou deux phrases. Bien qu'il ne
s'agisse pas de narration proprement dite, c'est le fragment du texte qui révèle une histoire
avec ses causes, ses conséquences et ses protagonistes. C'est à lui que l'image marginale
se réfère le plus souvent.
Parmi les représentations qui s'attachent aux cYMM-y il y a une série d'images illustrant
les accidents et les dommages mentionnés dans les deux premiers titres du livre 9, 57
pt7npe77e777 /ecA^e JA<3tur et AJ /egew Adym/mn?. Les vingt six scènes dispo-
sées dans les marges des pages 99v - 105r constituent le groupe le plus dense du manus-
crit, car presque tous les cas racontés dans cette partie du texte sont illustrés. Par exemple,
dans la marge gauche du /b/A 1 OOv, on a représenté un accident ayant lieu chez un barbier
(il. 7). L'image correspond au cité d'après Mela, et lui donne une illustration pré-
cise relevant tous les détails importants : « Cnn; p/V<3 <yt/7&7777 /uJcTrut, v<?/?e777f77T7M.y tytvA
p?7n ?7? ton-ycrA 777<37?n,y e<3777 Je/ecerA, et .y/c .yenJ <777^777 fo77.yo7- /tubebrA guA? ^A
/3recA<3 aJ/ecto cnAeAo » (D. 9, 2, 11, pr). L'image suit littérairement le texte ; elle en
retient l'essentiel. Sans définir le lieu d'action (il s'agit d'un espace ouvert, à l'extérieur),
elle se hmite aux trois personnes concernées : l'homme qui lance la balle, le barbier qui
coupe la gorge de son client et le client lui-même, assis sur un tabouret. Cette image, assez
restreinte dans sa structure, n'est pas pour autant privée d'esprit analytique. En effet, elle
visualise les circonstances de l'accident avec précision. La balle (à l'encre noire) est repré-
sentée directement sur le couteau surdimensionné du barbier. Les filets de sang en rouge
vif couvrent l'épaule de son client. Celui-ci est représenté avec un réalisme, bouche
ouverte. L'image ne s'arrête pas sur l'énumération des conséquences. Elle cherche aussi
^ Hubert DAMISCH, Crû pcintnrg nn?7, CAthyM^, 370, t. 36, 1978, p. 279.
Gabriel LE BRAS, Chartes LEFEBVRE, Jacquetine RAMBAUD, 7/40 - Z37& SoM/r&s' ^7 r/ïYcnAr
r/u JroA. 'Histoire du droit et des institutions de t'Égtise en Occident' 7, Paris, t965, p. 273.