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INTRODUCTION

ous avons vécu deux ou trois siècles avec le sentiment que la
Renaissance italienne retrouva, pour notre consolation, la voie
perdue de l'art antique, et qu'il n'y avait avant elle et hors
d'elle que barbarie et confusion. Quand notre besoin de les aimer nous
a fait regarder passionnément l'œuvre laissée par les artistes qui précé-
dèrent, aux derniers temps du moyen âge, l'essor italien, nous avons
méconnu et calomnié l'Italie. Nous lui avons reproché l'action qu'elle
exerça sur les peuples occidentaux, nous avons refusé de voir que les
peuples occidentaux, après l'épuisement momentané de leurs ressources
spirituelles, devaient subir la loi commune et demander à des éléments
plus neufs de féconder leur esprit. Nous sommes ainsi faits qu'il
nous est très difficile de nous placer hors de l'histoire pour la consi-
dérer de loin et que nous attribuons trop volontiers une valeur défini-
tive aux sentiments que nos désirs actuels nous dictent. Ce besoin
d'absolu qui est notre souffrance et notre force et notre gloire, nous
refusons de l'accorder aux hommes qui prirent, pour l'assouvir, un
autre chemin que nous.
Ceux qui ont invoqué l'esprit de leur propre race pour condamner
l'action de l'Italie au nom des erreurs qu'elle a fait commettre à
des imitateurs indignes de l'assimiler, accusent en réalité Michel-
Ange ou Titien d'être des hommes de leur race et de n'être pas
nés au xiiie siècle dans l'Europe du Nord. Si nous avons écouté
les héros italiens, c'est parce qu'ils sont venus à l'heure où notre
instinct les réclamait. L'esprit du Nord et de l'Occident avait reflué
sur l'Italie du moyen âge pour menacer son individualité et faire entrer

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