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C'est un vieux livre ouvert, mangé par l'humidité de la rue. On y revoit
l'enroulement d'étoffes, de bannières, de plumes, les volutes inutiles,
l'encombrement, le détail envahisseur et profus qui font de la gravure
allemande, si riche et si patiemment creusée, la moins authentique
des œuvres d'art, mais la plus accomplie des œuvres de science, de
conscience et de labeur.

II
La peinture allemande, au fond, ne se dégagera jamais des métiers
primitifs que les artisans du moyen âge pratiquaient côte à côte dans
les mêmes ateliers. Le travail du cuivre et du bronze, le travail du bois
se retrouvent dans les créations les plus hautes de Dürer et même
d'Holbein. Il n'y eut jamais de meilleur graveur sur cuivre que Dürer,
de meilleur graveur sur bois qu'Holbein, et Holbein, bien qu'il soit le
seul des artistes allemands à n'être pas resté un ouvrier, n'abandonna
jamais sa planche. C'est en Allemagne qu'apparaît, probablement, en
même temps qu'aux Pays-Bas, au début du xve siècle, la gravure sur
bois. Le Florentin Finiguerra n'a fait que systématiser un peu plus
tard l'invention allemande de la gravure sur métal. Leblond qui trou-
vera, au xviiie siècle, la gravure en couleurs, est de souche allemande
et Senefelder, l'inventeur de la lithographie, est Bavarois. L'imprimerie,
l'horlogerie, la mécanique, la plastique, tout sort du même creuset
noir où l'esprit infatigable de l'Allemagne jetait pêle-mêle et sans choix
la matière brute de ses industries immédiatement nécessaires. Chez
l'Allemand, l'outil tyrannise l'artiste, qui le suit. Chez le Français ou
l'Italien, l'intelligence va trop vite pour donner à l'outil le temps de
s'attarder dans le détail. Si, en France et en Italie, les savants s'unissent
aux artistes dans la même tendance à généraliser et à abstraire, c'est
dans les procédés de métier et l'application à leur tâche qu'ils se
rejoignent ici.
Ce travail de fourmilière, commun à tous les métiers, à toutes les
villes, universel et diffus, rend le développement de la peinture alle-
mande difficile à suivre et ses origines obscures. Elle ne suit pas comme
ailleurs une ligne logiquement et régulièrement ascendante pour
atteindre un sommet et descendre peu à peu, elle s'avance à pas hési-
tants, en lignes brisées, entre-croisées, se perd en méandres inextri-
cables, revient en arrière, et, quand elle semble prête à prendre cons-
cience d'elle-même, s'arrête tout à coup pour toujours. Son caractère
confus répond à la confusion de l'esprit, à la confusion de l'histoire, au

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