FLORENCE
I
PISE vaincue — Pise où s'étaient levés les premiers architectes et
les premiers sculpteurs de l'Italie — Sienne réduite à un silence
à demi volontaire et la République florentine fortement définie
en face des cités rivales, le particularisme italien, encore peu caracté-
risé dans le chaos du moyen âge et contenu d'ailleurs par un ensemble
de croyances communes et l'ascendant spirituel de la papauté, le
particularisme italien s'accentue. Sur cette terre ardente, pleine de
souvenirs illustres, l'esprit municipal s'oriente vers un idéal politique
fait pour fortifier encore l'individualisme passionnel qui devait trans-
former l'Europe. La France s'épuise de l'effort qu'elle a fourni. La
cathédrale tremble et fléchit sur ses supports trop frêles. Ce n'est
pas sur son sol stérilisé par une guerre interminable, au cœur d'un
peuple malheureux que renaîtront les éléments de son énergie rompue.
Ce rôle appartiendra à la Flandre et à l'Italie.
Seulement pas plus en Italie qu'en Flandre, ils ne retrouveront
leur cohésion. L'individualisme italien ne sait pas se plier aux exigences
d'un ensemble. Quand les arts associés exprimaient une multitude,
ils semblaient venir d'un seul. Ils parurent divisés et ennemis quand
ils exprimèrent un homme. Tout artiste italien s'intitulait volontiers
architecte, sculpteur et peintre. Mais il parlait rarement avec une
égale puissance les trois langues qu'il s'attribuait. Même après que
l'esprit médiéval eût entraîné dans sa descente la force diffuse qui
soulevait sur les villes le monument représentatif de la foi et de la
cité, l'Italie ne cessa pas complètement de produire des architectes. La
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I
PISE vaincue — Pise où s'étaient levés les premiers architectes et
les premiers sculpteurs de l'Italie — Sienne réduite à un silence
à demi volontaire et la République florentine fortement définie
en face des cités rivales, le particularisme italien, encore peu caracté-
risé dans le chaos du moyen âge et contenu d'ailleurs par un ensemble
de croyances communes et l'ascendant spirituel de la papauté, le
particularisme italien s'accentue. Sur cette terre ardente, pleine de
souvenirs illustres, l'esprit municipal s'oriente vers un idéal politique
fait pour fortifier encore l'individualisme passionnel qui devait trans-
former l'Europe. La France s'épuise de l'effort qu'elle a fourni. La
cathédrale tremble et fléchit sur ses supports trop frêles. Ce n'est
pas sur son sol stérilisé par une guerre interminable, au cœur d'un
peuple malheureux que renaîtront les éléments de son énergie rompue.
Ce rôle appartiendra à la Flandre et à l'Italie.
Seulement pas plus en Italie qu'en Flandre, ils ne retrouveront
leur cohésion. L'individualisme italien ne sait pas se plier aux exigences
d'un ensemble. Quand les arts associés exprimaient une multitude,
ils semblaient venir d'un seul. Ils parurent divisés et ennemis quand
ils exprimèrent un homme. Tout artiste italien s'intitulait volontiers
architecte, sculpteur et peintre. Mais il parlait rarement avec une
égale puissance les trois langues qu'il s'attribuait. Même après que
l'esprit médiéval eût entraîné dans sa descente la force diffuse qui
soulevait sur les villes le monument représentatif de la foi et de la
cité, l'Italie ne cessa pas complètement de produire des architectes. La
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