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pas se l'avouer. Après cinquante années pourtant de cette critique
française seule capable de recréer dans les élites une sorte d'enthou-
siasme intellectuel qui remplace presque l'instinct, l'énergie de Pierre
Lescot et de Philibert Delorme assurera aux édifices qu'ils construisent
sous l'amoncellement des matériaux qu'on leur apporte, un squelette
puissant qui se redresse et maintient son assiette derrière la raide
et somptueuse écorce des colonnes rondes ou plates et des floraisons
corinthiennes, des grandes croisées à frontons, des bas-reliefs et des
statues qui les encadrent. Et depuis l'effondrement des voûtes trop
hautes de Beauvais, l'art français connaîtra dans le Louvre son pre-
mier moment d'espoir.
IV
Là déjà s'éveille avec force, mais environné de cette grâce altière
et de ce sens d'une nature aristocratisée pour le plaisir des féodaux
dégrossis qu'eurent les artistes de ce temps, là s'éveille le besoin d'un
système architectural tendant à devancer l'accord qu'il réalisera un
siècle plus tard avec les commandements du dogme monarchique. A
Paris règne Catherine, on oublie Diane. L'architecte contient et guinde
sa fantaisie pour élever au centre de la ville la maison symbolique de
l'autocratie. Il n'est plus au cœur des bois, il n'a plus à bâtir le grand
château de chasse où le roi, au milieu d'une cour galante, vient se
reposer de la guerre en courant le cerf et le sanglier et dirige avec de
belles femmes la religion et la diplomatie. Il ne suit plus François Ier
allant des parcs verdoyants de la Loire où l'abondance des eaux tran-
quilles berce la fatigue de sa chair, aux profondes forêts de l'Ile-de-
France où sa grosse sensualité sanguine s'apaise à verser le sang. Dans
ces solitudes animées, si l'architecte avait perdu le sens du besoin
populaire qui fait la grande architecture, le peintre et le sculpteur sen-
taient entrer en eux des éléments de création dont le monde païen
avait seul connu la puissance. Il semble, quand on erre au long des
allées mystérieuses qui s'enfoncent sous les arbres ensoleillés, quand
on écoute s'éloigner le bruit des cors, des appels, des galops, des fuites
sous les branches, quand on lit à l'ombre d'un chêne les poèmes de
Ronsard qui sentent le buis et le laurier, il semble que des apparitions
furtives de hanches et de seins nus animent le lit des eaux paisibles
où voguent des cygnes blancs et noirs. Primatice, après Rosso, avait
apporté de Mantoue, pour décorer Fontainebleau, l'énorme et abon-
dant savoir de son maître Jules Romain, formé par la Farnésine et

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