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lienne en ouvrant les temps nouveaux. Jamais tant de matière et d'âme
n'avaient été tordues ensemble pour recréer la vie dans sa plus haute
unité.
Quand on remonte les courants qui conduisent à Raphaël, on ne
peut attribuer qu'à l'éducation de Rome l'ascension en lui de cette
force qui se fût ignorée probablement s'il n'avait pas quitté Urbin
ou s'il avait continué de vivre à Pérouse ou même à Florence. Car
en cette nature tendre et presque féminine que ses apologistes ont
exaltée jusqu'à écœurer ceux qui l'aiment le mieux, il y eut une puis-
sance mâle qui contribua sans doute à éveiller Michel-Ange, mais
qui se déploya avec l'aisance, l'autorité, l'ampleur des maturations
naturelles. Jamais homme ne réunit autant d'éléments dispersés et
presque antagonistes pour les assimiler à sa substance intime et les
restituer dans son œuvre vivante qui s'épanouit si librement et si
haut au-dessus de ses sources en gardant toute leur fraîcheur.
Dès la fin du xive siècle, l'Ombrie, d'où il venait en somme, puisque
sa seizième année n'était peut-être pas encore achevée quand il entra
à l'atelier de Pérugin, avait greffé sur la vieille école siennoise un rameau
très vivace bien que difficile à apercevoir dans le rayonnement du
grand foyer florentin. L'Ombrie, adossée aux montagnes, mais dont
toutes les villes s'inclinent vers la plaine douce, l'Ombrie avait l'âme
d'autant plus pieuse que le voisinage de Rome l'exposa plus sou-
vent à souffrir des invasions. C'est au cœur de l'Ombrie, en vue de
Pérouse, que François d'Assise était né, c'est l'Ombrie qui le suivit
d'abord. Atténuée, la lumière de cet esprit flottait encore sur ses
vallées.
Florence, et même Sienne, se suffisaient. Pérouse était trop éloignée
des grands centres d'élaboration et d'action de l'énergie italienne pour
retenir les artistes qui l'exprimaient. C'est vers Rome qu'ils refluèrent
presque tous, lui apportant avec Sienne, qui les avait d'abord instruits,
quelque chose de Florence où ils allaient en général chercher l'ini-
tiation, et, par Urbin, par Bologne et Ferrare, un peu de Padoue et de
Venise. Le Véronais Pisanello, après avoir reçu, à Florence, les leçons
d'Andrea del Castagno, collabora à Rome avec l'Ombrien Gentile
da Fabriano, formé par les Siennois. Gentile gardait leur souvenir
des mosaïques byzantines, leurs figures blondes aux yeux obliques,
mais il avait vu, à Rome et surtout à Venise, des costumes éclatants
défiler dans les cortèges. D'abondante imagination, il était plus
curieux que les maîtres de Sienne et possédait avec un sens du mouve-
ment et un amour du pittoresque qui eût choqué leur gravité, l'expan-
sive piété de l'Ombrie, si différente de leur mysticisme jaloux. Benozzo
Gozzoli, quand il travailla à Rome, comme il travailla un peu partout

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